Pour le recueil Corps étranger, «débridé, excessif, qui soumet la sauvagerie de l'Éros à l'expérience déstabilisante de l'étranger», Catherine Lalonde a remporté hier le prix Émile-Nelligan, remis annuellement à un (e) poète de moins de 35 ans.

Le jury - Denise Brassard, Pierre Nepveu et Élise Turcotte, présidente - a été unanime à primer cette poésie «inventive, parfois drôle, parfois obscène». «Sa poésie élève le prosaïsme et l'impudique jusqu'à une forme renouvelée du sacré», a souligné Élise Turcotte.

Catherine Lalonde a publié Corps étranger l'an dernier... à 34 ans. Le recueil a été coédité par Québec Amérique et la maison française La passe du vent. Nancy Huston avait signé la préface, évoquant «ces lieux du silence féminin ancestral». Notre collègue Jade Bérubé, qui avait attribué quatre étoiles à Corps étranger, a pour sa part apprécié cet impressionnisme «entre le corps-terroir, la laine mouillée de l'enfance et l'incendie de la solitude».

Les autres finalistes étaient François Turcot, pour Derrière les forêts (La Peuplade) et - la nomination en a surpris plus d'un - Marc-Antoine K. Phaneuf pour Téléthons de la Grande Surface (Le Quartanier), une suite de listes où le jury a vu «le catalogue frénétique de l'existence».

Pour souligner le 30e anniversaire de ce prix institué en 1979 par Maurice et Gilles Corbeil, François Charron, le premier lauréat, a lu un texte-hommage à Émile Nelligan (1879-1941) qui a passé les 42 dernières années de sa vie à l'asile d'aliénés.

Michel Dallaire, président de la fondation Émile-Nelligan a remis à la lauréate, dont c'est le troisième recueil, le prix de 7500 $ et une médaille à l'effigie du poète. Les finalistes ont reçu 500 $ chacun.

Pour le 30e anniversaire, la Fondation accueille par ailleurs un partenaire de choix: l'Association internationale des études québécoises (AIÉQ) qui offre une tournée de promotion d'une semaine dans l'un des pays de son réseau.

Catherine Lalonde - elle succède à Danny Plourde, lauréat 2008 pour Calme aurore publié à l'Hexagone - participera par ailleurs au spectacle de clôture du Festival international de poésie de Trois-Rivières, l'automne prochain. Et, qui sait? peut-être trouvera-t-on un jour des lambeaux de Corps étranger sur les murs de la vieille cité. Un vers ou ce «mot trop tard pour se le remettre en bouche»...