L'auteur de la saga historique fleuve Les Rois maudits, l'académicien français Maurice Druon, est mort, a-t-on appris mardi soir. Le coauteur du Chant des partisans aurait eu 91 ans dans 10 jours.

Né le 23 avril 1918 à Paris, il commence à publier dès l'âge de 18 ans dans des revues et journaux littéraires. Mais le jeune homme est vite rattrapé par la guerre.

Élève officier de cavalerie à l'école de Saumur, Maurice Druon est ainsi en première ligne lors de la campagne de France en 1940. Après la débâcle, il entre dans la résistance, traverse clandestinement l'Espagne et le Portugal avec son oncle, l'écrivain Joseph Kessel, et s'engage finalement à Londres dans les Forces françaises libres, en 1942. Il y animera l'émission de la BBC Honneur et Patrie.

Surtout, il va y composer en 1943 avec Joseph Kessel les paroles du «Chant des partisans», qui deviendra l'hymne de la Résistance. «Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne? / Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines?», commence ainsi ce chant poignant.

À partir de 1946, Maurice Druon se consacre pleinement à sa carrière littéraire. Il reçoit le prix Goncourt en 1948 pour son roman Les Grandes Familles. Mais la notoriété viendra surtout avec les sept volumes des Rois maudits, écrits entre 1955 et 1977, qui retracent l'épopée de la famille royale de France du XIIIe au XIVe siècle. Adaptée en 1973 à la télévision, la série marquera des générations de téléspectateurs.

Le 8 décembre 1966, l'arrière-neveu du poète Charles Cros entre à l'Académie française, où il sera un défenseur intransigeant du français. Il est élu secrétaire perpétuel le 7 novembre 1985.

Maurice Druon n'aura fait qu'un bref passage dans la vie politique: ministre des Affaires culturelles dans le gouvernement de Pierre Messmer en 1973-74, il est député RPR de Paris entre 1978 et 1981.

En mars 2007, Nicolas Sarkozy lui avait rendu visite pendant la campagne présidentielle dans l'ancienne abbaye cistercienne où il réside, aux Artigues-de-Lussac (Gironde), pour chercher le soutien de ce gaulliste historique. «Mes premières émotions littéraires, c'est Les Rois maudits», avait alors affirmé le futur président, ajoutant: «Maurice Druon, ça compte dans l'imaginaire des Français».

Et l'académicien de lui rendre le compliment: «C'est ma descendance. S'il avait eu l'âge, il aurait été chez de Gaulle avec moi». Maurice Druon avait souhaité le succès du candidat, en opposant «deux grandes conceptions politiques»: «celle d'une société d'assistance distribuant de petites aides pour aider de grandes misères», et d'autre part «celle d'une France grande, active, puissante, dont la prospérité générale retombera sur tous les citoyens».

Le chef de l'État a salué mardi soir «la mémoire de Maurice Druon, un grand écrivain, un grand résistant, un grand homme politique, une grande plume et une grande âme». «Il a risqué sa vie en Résistant, et cette flamme, cette passion de la France et de la liberté, ne l'a jamais quitté», écrit Nicolas Sarkozy dans un communiqué publié par l'Élysée.

«Dans toutes les phases de sa féconde vie - résistant, auteur, bretteur, ministre, académicien, mémorialiste -, il resta un esprit libre et fort», a également souligné Xavier Darcos, au sujet de «son ami Maurice Druon». Dans un communiqué transmis par le ministère de l'Éducation nationale, M. Darcos estime que la France «pleure la disparition de l'une des figures les plus marquantes de sa vie intellectuelle».