Les théologiens remportent rarement des concours de popularité. Et pourtant, la manière dont nous procédons à nos débats et discussions doivent énormément à la théologie. La Bible ayant une influence énorme sur notre culture et notre vocabulaire, nous sommes en quelque sorte tous des exégètes.

L'histoire de la théologie publiée par Jean-Yves Lacoste décrit minutieusement les grands débats de la théologie, des Évangiles jusqu'à la théologie de la libération qui a mené à la participation de prêtres à des gouvernements d'extrême-gauche.

Les amateurs de la stratosphère intellectuelle se réjouiront au fil des pages consacrées à des points de détails de la doctrine et de l'interprétation biblique. Devrait-on dire «au commencement» ou «premièrement» au début de la Bible, par exemple. Dans le deuxième cas, on touche à l'idée que Dieu est cause première de tout.

La section consacrée à la théologie moderne est malheureusement un peu mince: seulement 100 pages pour tout le XIXe et le XXe siècle. Cela est certainement justifié quand on prend la mesure des 2000 ans de théologie chrétienne, mais comme notre époque préfère discuter des événements récents, on reste sur notre faim.

On trouvera cependant un passage intéressant sur Karl Rahner, un théologien allemand du début du siècle dernier qui a proposé le concept du «chrétien anonyme», qui est sauvé même s'il ignore tout du christianisme, du seul fait qu'il en pratique les valeurs. Selon John Allen, le très réputé vaticaniste de l'hebdomadaire américain The National Catholic Reporter, on devrait remplacer les étiquettes «progressiste» et «conservateur» utilisées pour désigner les théologiens et cardinaux «de gauche» et «de droite» par leur affiliation théologique à Rahner ou à son rival allemand Urs von Balthazar. Il va sans dire que le cardinal de Québec, Marc Ouellet, est beaucoup plus «balthazarien» que «rahnerien».

Histoire de la théologie

Sous la direction de Jean-Yves Lacoste

Seuil, 469 pages, 49,15$