Grande déception que ce premier roman d'Éric Gougeon (auteur du recueil poétique Une épine sous la paupière) publié ces jours-ci chez Québec Amérique et qui prend la forme d'un énième carnet de séducteur errant.

On y suit les tribulations d'un conseiller politique dans la jeune trentaine qui s'est perdu, tant dans sa vie professionnelle que sexuelle. Amené à errer sur les routes de l'Italie, le jeune protagoniste y cherche un salut qu'il ne parvient pas lui-même à définir dans des rencontres fortuites et superficielles.

Reposant sur une trame narrative quasi inexistante (le lien entre vie politique et vie personnelle ne se concrétisera d'ailleurs jamais en cours le lecture), ce roman mettant en scène un personnage principal dessiné sommairement ne fait qu'effleurer tous les sujets qu'il aborde, de l'impression de vieillir à la douleur de la rupture, de l'attachement à l'expérience du voyage.

L'auteur choisit même de défigurer son séducteur (non sans rappeler Amenábar) sans réellement s'y attarder. Le récit accumule plutôt les descriptions scabreuses qui n'apportent malheureusement chair, ni au récit ni aux protagonistes.

Seuls un portrait d'enfance, esquissant entre autres le désoeuvrement d'amitiés adolescentes, ainsi qu'une réflexion sentie sur la disgrâce de la répétition «...les vies deviennent laides tellement elles se ressemblent», parviennent à apporter un peu de littérarité à l'ensemble.

Le choix de la forme (de courts chapitres suggérant une suite de plans-séquences) contribue peut-être à donner à ce premier roman un air maladroit, permettant de grossières ellipses qui ne servent pas toujours le fil du récit. Bref, on se demande bien où était le poète...

Itinéraire d'un salaud ordinaire

Éric Gougeon

Québec Amérique, 264 pages, 22,95$

*1/2