En 2005, telle une éclaircie dans le ciel littéraire de France et de Navarre, un premier roman avait ravi la critique et trouvé des lecteurs enthousiastes. Il s'agissait de La théorie des nuages de Stéphane Audeguy, sublime récit (et non un traité, théorie pris au sens de défilé) qui rendait heureux qui s'y engageait, qui suivait le récit minutieux d'un vieil homme, couturier maniaque des nuages et connaisseur en cumulus, en nimbus, en stratus, etc. Audeguy (né à Tours en 1964) planait...

Cette fois-ci (après Fils unique paru en 2006, enquête amusante et lettrée autour du mauvais frère de Jean-Jacques Rousseau), son troisième roman nous laisse au ras des chiendents, c'est une traversée du Kenya, un fils photographe arrivé en Afrique pour enterrer son père qu'il n'a pas connu. Nous autres, le titre, évoque une voix qui, rien de moins, parlerait au nom de l'humanité! Mais le récit se perd entre un peu d'histoire (la construction du chemin de fer au XIXe siècle, la misère des bidonvilles d'aujourd'hui, le monde des institutions publiques) et trop de personnages à peine esquissés qui disparaissent. Et le protagoniste ne prend jamais de photos, ni ne regarde le ciel. Ce genre de roman sent la commande; Audeguy a bénéficié de l'accueil et de l'aide des «missions Stendhal», un programme culturel du quai d'Orsay, bourses pour lesquelles l'auteur s'engage à participer aux activités des services culturels français établis dans le pays. C'est Stendhal qui râlerait. La théorie des nuages vient de sortir en Folio.

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Nous autres

Stéphane Audeguy

Gallimard, 252 pages, 32,95$

*1/2