Après son feuilleton anglais (Doggy Bag), Philippe Djian revient au roman avec Impardonnables, le récit à la première personne d'un homme blessé à mort par la vie.

Francis est un écrivain qui a connu de nombreux succès. En pleine gloire, la disparition, sous ses yeux, de sa femme et de l'une de ses filles, Olga, le traumatise. Pour survivre, sa deuxième fille Alice, un temps accro aux médicaments, à la drogue et à l'alcool, se tourne vers une fructueuse carrière d'actrice. Francis, lui, s'enferme dans un second mariage qui bat de l'aile. Persuadé que sa femme le trompe, il a recours aux services d'une détective privée. Jusqu'où Francis peut-il, du passé ou du présent, faire table rase? Un jour, on ne peut plus pardonner, nous dit en substance Philippe Djian.

Dans l'action plus que dans la théorie, l'auteur de 37°2 le matin signe un roman singulier, aussi sombre que prenant. On s'arrête tantôt aux relations filiales, maritales ou extraconjugales: tout un monde de relations sociales est disséqué, fermement, par Francis-Philippe Djian. Parfois, comme l'écrit Djian, «la réanimation n'est plus possible». La disparition des sentiments donne lieu à la mise en scène de relations névrosées et sclérosées. La vie est moins que jamais un long fleuve tranquille et à 60 ans sonnés, Djian en fait encore la démonstration. Déprimant, mais pas assommant, c'est suffisamment bien mené pour que le lecteur ne lâche pas Francis d'une semelle.

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Impardonnables

Philippe Djian

Gallimard, 232 pages, 29,95$

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