Il exige une moralité sans faute: pas d'adultère, pas d'abus d'alcool, surtout pas d'homosexualité. Il considère que les pécheurs qui invoquent son nom sont des hypocrites.

Non, ce n'est pas une description du Dieu des intégristes de tout acabit, de l'ayatollah Khomeini aux lefebvristes. C'est la conception de la divinité qu'affiche l'un des détracteurs les plus en vue de la religion, Christopher Hitchens.

 

Son livre God is not Great, qui avait défrayé la manchette aux États-Unis en 2007, vient d'être traduit en français (avec un titre tout en minuscules pour bien appuyer son propos). Le chroniqueur-vedette de Vanity Fair et du Atlantic Monthly y écrit notamment que l'action politique de Martin Luther King n'a probablement pas été inspirée ou soutenue par la religion parce que le célèbre pasteur était adultère et porté sur la bouteille. Et que l'oeuvre politique de Ghandi aurait probablement été plus efficace sans ses convictions bouddhistes, responsables selon M. Hitchens du massacre (de un à deux millions de morts et de 12 à 15 millions de réfugiés) survenu lors de la partition de l'Inde britannique en 1947.

«Les homosexuelles non seulement ne contractent pas le sida, mais elles sont aussi beaucoup moins vulnérables à toute infection vénérienne, écrit ailleurs Hitchens. Pourtant, les autorités religieuses s'obstinent à ignorer jusqu'à l'existence des lesbiennes. Ce faisant, elles démontrent encore davantage que la religion continue de représenter une menace urgente à la santé publique.»

Hitchens précise qu'il n'a pas eu «une enfance violente» ni été victime d'un «endoctrinement brutal détruisant toute chance d'avoir la foi», mais il estime qu'on ne peut «pardonner aux religions d'imposer de telles souffrances».

Tirant à boulets rouges sur une vaste gamme de personnalités publiques, de mère Teresa à Mel Gibson en passant par le dalaï-lama, le pamphlétaire britannique fait flèche de tout bois. Il trouve même le tour de condamner le Nouveau Testament parce que son seul passage digne d'une louange, le pardon de la femme adultère, est un ajout probablement tardif. Christopher Hitchens est souvent très agréable à lire, particulièrement dans ses textes sur la littérature ou la culture. Mais en voulant s'immiscer dans le débat sur la religion, il tombe dans la facilité.

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Dieu n'est pas grand

Christopher Hitchens

Belfond, 319 pages, 34,95$

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