Cet hiver, la littérature québécoise a un petit accent, une mèche qui vient d'ailleurs. Les uns migrent vers l'oubli ou la confrontation, les autres émigrent et se frappent à la différence, à l'étrange. Le dépaysement est à l'honneur, faites vos valises.

Chez Triptyque, François Moreau envoie son jeune protagoniste en Europe afin de connaître le vrai visage de la liberté dans La bohème (février). Aurions-nous là un nouveau roman d'apprentissage sur la soif de la vingtaine?

 

Pierre Gobeil lance pour sa part son héros montréalais dans une traversée à destination de l'archipel des Îles-de-la-Madeleine dans Le jardin de Peter Pan (février). Chez Marchand de feuilles, un jeune juif issu des banlieues chaudes de Paris est catapulté au sein du quartier Snowdon dans La bar-mitsva de Samuel de David Fitoussi (janvier), une jeune femme endeuillée s'enfuit à Hong-Kong dans HKPQ de Michèle Plomer (février) et un Italien des Cantons-de-l'Est perd mystérieusement son accent du jour au lendemain dans Townships de William S. Messier (mars).

Chez Boréal, l'auteur canadien aujourd'hui installé au Québec Neil Bissoondath propose Les cartes postales de l'enfer, où identité rime avec mensonge (janvier) tandis que Robert Lalonde nous revient avec un recueil de « road novels « intitulé Un coeur rouge dans la glace (mars). Hans-Jürgen Greif, qui nous a récemment donné à lire Le jugement, s'intéresse cette fois aux proverbes à provenance géographique multiple, livrant un recueil d'histoires intitulé Le chat proverbial (mars), tandis que Louis Jolicoeur entraîne le lecteur jusqu'en Toscane pour traiter de filiation dans le Masque étrusque, aux Éditions Instant même (février).

Enfin, la collection Coups de tête des Éditions 400 Coups se met également de la partie puisque la mafia corse débarque dans Métarevers de Serge Lamothe (janvier) alors que l'auteur Stéphane Dompierre préfère la piraterie sur les eaux noires de la mer des Caraïbes dans Morlante (avril).

Des livres très attendus

Plusieurs sagas (historiques ou non) se poursuivent cet hiver. Le deuxième tome de Lili Klondike, qui a pour toile de fond la ruée vers l'or de la fin du XIXe siècle, sera sur les tablettes en février, tandis que le troisième tome de la populaire série de Maryse Rouy Une jeune femme en guerre sortira en mars. C'est également en mars que l'on pourra lire le deuxième tome de Fanette, la suite du roman de Suzanne Aubry qui a pour décor la ville de Québec au XIXe siècle.

Les nombreux lecteurs de Michel David seront heureux d'apprendre que deux nouveaux tomes de Chère Laurette seront bientôt en librairie, le troisième en février et le quatrième en avril.

André Pronovost boucle quant à lui sa trilogie Bord-de-l'eau avec Plume de fauvette en février, tandis qu'Hélène Rioux signe la suite de son roman Mercredi soir au bout du monde (Prix Ringuet) avec Âmes en peine en avril, tous deux chez XYZ. Forte de son succès tant dans la blogosphère que dans les librairies, Caroline Allard nous offre quant à elle de nouvelles Chroniques de mère indigne chez Septentrion en mars.

Du côté des chouchous, on nous promet chez Fides un nouveau roman d'Yves Beauchemin, Le renard bleu, un conte mystérieux donnant la parole aux animaux d'une forêt de la région de Lanaudière (février). Nadine Bismuth revient elle aussi dans un genre qui lui sied à merveille, la nouvelle, traitant cette fois du nouveau mal du siècle : le célibat. Ce sera chez Boréal en février. Jacques Poulin signe L'anglais n'est pas une langue magique chez Leméac en mars, un nouveau roman dont le secret semble bien gardé à ce jour. De son côté, Andrée A. Michaud lance Lazy Bird, un polar où la raison bascule, chez Québec Amérique. Il faudra ensuite attendre en avril pour découvrir quelle couleur prendra la fin du monde selon Nicolas Dickner chez Alto.

Curiosités et premiers romans

Le poète Jean-François Poupart signe un roman aux Coups de tête intitulé Toujours vert, où il s'amuse de la vieillesse des icônes du rock (mars). Au même moment, J.P. April revient chez XYZ avec Ici Julie Royal, roman qui s'inspire des banques de donneurs anonymes et de l'étrange filiation qui en découle.

L'idée est intéressante; le résultat le sera-t-il? Nathaly Dufour fait paraître chez Stanké une « chick lit « teintée de cynisme qui montre la face cachée des prestigieux cabinets d'avocats avec Sous la toge (janvier), tandis que Ghislaine Meunier-Tardif se penche sur la sexualité des septuagénaires avec L'écarlate (février). On est curieux.

Enfin, Québec Amérique présente deux nouveaux auteurs: Benoît Quessy, qui situe son action dans un avenir érotique avec À juillet, toujours nue dans mes pensées (janvier), et Éric Gougeon, qui s'intéresse à la violence latente des nouveaux « gueulards « dans Itinéraire d'un salaud ordinaire (février). Boréal nous fera également découvrir le nouvelliste Nicolas Charrette, qui signe Jour de chance (janvier).