Les héritiers de Victor Hugo, qui contestaient le droit aux éditions françaises Plon de publier une suite aux Misérables, ont été déboutés vendredi par la justice, qui a jugé que les deux ouvrages litigieux ne portaient pas atteinte à l'oeuvre du grand écrivain français.

Cette affaire avait ouvert un débat sur la légitimité à écrire des suites à des chefs d'oeuvre littéraire.

Il y a sept ans, le journaliste et écrivain François Cérésa publiait chez Plon Cosette ou le temps des illusions et Marius ou le fugitif.

Les héritiers de Victor Hugo, et notamment Pierre Hugo, arrière-arrière-petit-fils de l'écrivain, saisissaient alors la justice estimant que ces deux ouvrages portaient atteinte à l'oeuvre de leur ancêtre.

Ils s'insurgeaient notamment contre la réapparition dans Cosette ou le temps des illusions de l'inspecteur Javert que Victor Hugo avait fait mourir.

Commentant la mort de ce personnage, l'auteur des Contemplations lui-même avait écrit :«Si cette fin n'émeut pas, je renonce à écrire jamais».

Le 31 mars 2004, la cour d'appel de Paris avait condamné la maison d'édition à verser un euro symbolique de dommages-intérêts aux héritiers de l'écrivain ainsi qu'à la Société des gens de lettres pour avoir publié les deux romans.

Dans son arrêt, la cour d'appel avait estimé qu'«aucune suite ne saurait être donnée à une oeuvre telle que Les Misérables, à jamais achevée».

L'éditeur soutenait lui que François Cérésa n'avait pas cherché à pasticher Hugo mais à raconter, avec du «souffle», la suite du célèbre roman.

Plon avait formé un pourvoi en cassation. Le 30 janvier 2007, la plus haute juridiction lui avait donné raison et avait chargé la cour d'appel de Paris de réexaminer le dossier, en recherchant «une éventuelle atteinte au droit moral de l'auteur».

Après avoir examiné les ouvrages, la cour d'appel a jugé vendredi que leur auteur, François Cérésa, n'avait pas porté atteinte à l'oeuvre de Victor Hugo.

Les magistrats ont notamment estimé que «François Cérésa, qui ne prétend pas avoir le talent de Victor Hugo, est libre de suivre une expression personnelle, qui ne fait pas nécessairement appel à l'ensemble des registres que Victor Hugo mobilise».

En outre, ont-ils jugé, «il est également libre de faire évoluer dans des situations nouvelles les personnages qu'il ranime».

Concernant la résurrection de Javert, la cour a estimé qu'elle n'affectait pas «en le dénaturant, l'esprit général des Misérables qui ne se réduit pas au destin de Javert mais embrasse un projet philosophique et social bien plus ample».