Invité d'honneur du 31e Salon du livre de Montréal, l'auteur François Barcelo ne cache pas son amour des histoires sous toutes leurs formes.

François Barcelo est un de ces auteurs qui portent allègrement plusieurs chapeaux. Auteur de plusieurs polars - publiés chez Gallimard - mais aussi de nombreux livres jeunesse primés, Barcelo croque joyeusement dans la pomme de la littérature. «J'étais d'abord écrivain avant d'être quoi que ce soit, explique celui qui a été quelques années rédacteur publicitaire. À 19 et 20 ans, j'ai écrit deux romans pas très bons qui n'ont d'ailleurs jamais été publiés. Mais c'est en écrivant que je suis devenu rédacteur publicitaire. Or, je nourrissais le rêve de me remettre à écrire des romans. Pendant une quinzaine d'années, j'ai d'ailleurs rempli une caisse de premiers chapitres de romans en me disant qu'un jour, j'y reviendrais.»

C'est à 33 ans que l'auteur a succombé et a publié enfin un premier roman chez Hexagone, Agénor, Agénor, Agénor et Agénor, bientôt suivi d'une cinquantaine de titres. Selon le prolifique auteur, la littérature ne semble pas une amante trop exigeante. «L'écriture dans mon cas n'est pas demandante, avoue-t-il. Je ne fais que raconter des histoires. Je n'ai pas d'états d'âme. J'invente plutôt un personnage à qui je souhaite des malheurs ! Ce que j'écris n'est pas vraiment littéraire, dans le sens où c'est davantage le récit qui m'amuse et non le style.»

Barcelo dit s'obstiner à écrire en dilettante et dans le plaisir. «Je devrais peut-être un jour m'arrêter pour m'attaquer à l'écriture d'un livre sérieux mais je n'en ai pas envie, affirme-t-il. Plus jeune, je cherchais davantage à écrire un chef-d'oeuvre. Mais plus je vieillis, moins c'est présent. Je me contente du plaisir d'écrire. On peut écrire ce qu'on veut quand on veut et où on veut. N'est-ce pas là un métier assez idéal ?»

L'auteur s'inscrit d'ailleurs en faux contre un certain misérabilisme qui atteint le milieu littéraire. «Je ne me sens pas maltraité en tant qu'écrivain, soutient-il. Je ne fais pas une fortune mais je réussis à en vivre. On sous-estime le nombre d'écrivains québécois qui gagnent leur vie, surtout en littérature jeunesse. On s'imagine que les écrivains sont tous misérables mais ce n'est pas le cas. On ne parle que de nos difficultés, de nos problèmes et de nos échecs, alors qu'il y a là une réussite évidente. Nous ne faisons pas pitié.»

Hors du jardin d'Eden

Dans le cadre du Salon du livre, François Barcelo participera d'ailleurs à l'activité Livres comme l'air, qui soulignera la Journée internationale des écrivains emprisonnés. Dix auteurs - dont Marcel Dubé et Louise Portal - y seront jumelés à 10 écrivains incarcérés. «Quand on m'a proposé d'en être le porte-parole, j'ai dit oui avec beaucoup d'enthousiasme, dit François Barcelo. Si on regarde les écrivains qui sont dans des situations abominables comme c'est le cas de ces écrivains auxquels nous sommes jumelés, nous ne pouvons que nous sentir privilégiés. Oui, nous pouvons envier J.K. Rowlings parce qu'elle est la femme la plus riche d'Angleterre, mais nous devons aussi réaliser que nous avons ici un sort extrêmement enviable. Certes, il faut plusieurs années avant de pouvoir vivre de sa plume, mais il faut tout simplement savoir persévérer. Ce n'est pas comme de prendre 20 ans de prison pour avoir écrit sur un blogue.»

François Barcelo affirme également ressentir beaucoup de fierté en tant qu'écrivain. «On le ne croirait pas mais les auteurs se classent très haut dans la considération publique, insiste-t-il. On pense à tort que les écrivains sont méprisés ici. Or c'est le contraire. Nous avons donc un certain devoir. Je suis particulièrement touché par Sayed Perwiz Kambakhsh, un jeune Afghan condamné à mort parce qu'il est le frère d'un auteur. On parle de l'Afghanistan, ce pays où nous avons instauré la démocratie ! Bien sûr, l'idéal serait de louer un hélicoptère et d'aller faire une guérilla sur place. Mais nous pouvons aussi prendre conscience du problème. Une pétition manuscrite, signée, peut avoir un certain poids. Nous avons jusqu'à présent 8000 signatures. Il y en aura peut-être 20 000, un jour...»

Livres comme l'air - Le samedi 21 novembre à 16 h à l'Agora

LES INVITÉS D'HONNEUR > Jean-François Beauchemin

> Philippe Beha

> Christiane Duchesne

> Philippe Graton

> Jacques Lacoursière

> Pierre Lespérance

> Scholastique Mukasonga

> Mohamed Salmawy

INFORMATIONS ESSENTIELLES

C'est quand?

Du 19 au 24 novembre.

C'est où?

Au Hall d'exposition de la Place Bonaventure (métro Bonaventure).

Coût:

Adultes: 8$

Aînés, étudiants: 5$

12 ans et moins accompagné d'un adulte: Gratuit

5 à 7 les mercredi et jeudi: 2 pour 1

Garderie?

Oui, il y aura un service de garderie moyennant des frais de 3$/h par enfant de 2 à 6 ans. La Halte poussette sera, quant à elle, gratuite.

Heures d'ouverture:

Mercredi à samedi, de 9h à 21h

Dimanche, de 9h à 19h

Lundi, de 9h à 16h