Le Français Jean-Marie Gustave Le Clézio a remporté jeudi le prix Nobel de littérature 2008. L'Académie suédoise salue en lui l'écrivain de «l'aventure poétique et de l'extase sensuelle».

Âgé de 68 ans, l'auteur du Procès-verbal, de Désert et du Chercheur d'or est le 14e Français à recevoir le prix Nobel de littérature.

Jean-Marie Gustave Le Clézio est né le 13 avril 1940 à Nice de parents qui avaient de solides attaches familiales avec l'Île Maurice. À l'âge de 8 ans, il est parti avec sa famille habiter au Nigeria, où son père est resté comme médecin pendant la Seconde Guerre mondiale.

C'est au cours de la traversée en bateau vers le Nigeria qu'il a commencé sa carrière d'écrivain en composant deux petits livres Un long voyage et Oradi noir. Il a grandi avec deux langues, le français et l'anglais, avant de faire des études d'anglais à l'Université de Bristol (1958-59) puis à celle de Londres (1960-61) après son baccalauréat (1957).

Titulaire d'un doctorat sur l'histoire ancienne du Mexique à l'Université de Perpignan en 1983, il a enseigné dans plusieurs universités - Bangkok, Mexico, Boston, Austin, Albuquerque notamment - et ses longs séjours au Mexique et en Amérique centrale entre 1970 et 1974 ont eu une importance marquante pour son oeuvre.

Comme le souligne l'Académie suédoise dans sa notice biographique, son premier roman Le procès-verbal, sorti en 1963, va susciter beaucoup d'attention. Cet ouvrage va introduire des «descriptions d'état de crise», dont le recueil de nouvelles La fièvre (1965) et Le déluge (1966), où l'écrivain dénonce le trouble et la peur inhérents aux grandes villes occidentales.

Le Clézio va très tÈt se situer comme un écrivain écologiste engagé, ainsi qu'en attestent les romans Terra amata (1967), Le livre des fuites (1969), La guerre (1970) et Les géants (1973).

Sa consécration définitive comme auteur romanesque va intervenir en 1980 avec Désert, pour lequel l'Académie française lui décerne un prix. Le livre contient des images grandioses d'une culture perdue dans le désert de l'Afrique du Nord, qui contrastent avec une description de l'Europe vue à travers le regard des immigrants indésirés.

En parallèle, Le Clézio publie des essais méditatifs - L'extase matérielle (1967), Mydriase (1973) et Haï (1971). Il traduit aussi des grandes oeuvres de la tradition amérindienne, comme Les prophéties du Chilam Balam.

Le chercheur d'or va paraître en 1985, traitant du sujet des îles de l'Océan indien dans l'esprit du roman d'aventures, avant que l'attirance de l'écrivain pour le rêve du paradis terrestre n'apparaisse au cours des dernières années dans des livres tels que Ourania (2005) et Raga: approche du continent invisible (2006).

Ainsi que le souligne l'Académie suédoise, le «point central» de son oeuvre va se déplacer «de plus en plus en direction d'une exploration du monde de l'enfance et de sa propre histoire familiale». En témoignent Onitsha (1991), La quarantaine (1995), Révolutions (2003) et L'Africain (2004), histoire du père de l'écrivain.

Ballaciner (2007) est l'un des derniers ouvrages de Le Clézio, qui a aussi écrit des livres pour la jeunesse, dont Lullaby (1980) et Balaabilou (1985). Avec sa femme Jemia, qu'il a épousée en 1975, l'écrivain se partage depuis les années 90 entre Albuquerque au Nouveau-Mexique, l'Île Maurice et Nice. 

Jean-Marie Gustave Le Clézio «très ému»

L'écrivain français Jean Marie Gustave Le Clézio, qui s'est vu décerner jeudi le prix Nobel de littérature 2008, s'est déclaré «très ému et très touché» par la récompense, dans une entrevue en français à la radio publique suédoise.

«C'est un grand honneur pour moi», a ajouté le lauréat du prestigieux prix, qui était «en train de lire» lorsqu'il a appris la nouvelle, précisant qu'il remerciait «avec beaucoup de sincérité l'Académie Nobel».

À la question de savoir s'il se considère comme un écrivain français ou francophone, Le Clézio, qui a vécu durant son enfance à l'Île Maurice et au Nigeria, a répondu: «Je ne crois pas que l'on puisse faire la distinction. Je suis né en France, mon père était britannique, je suis issu d'un mélange, comme beaucoup de gens en Europe».

Jean-Marie Gustave Le Clézio a également indiqué qu'il se rendrait en Suède le 25 octobre pour la remise du prix Stig Dagerman, un prix littéraire suédois qui lui a été attribué en juin.

Le nouveau lauréat du Nobel de littérature recevra un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1,6 million $) le 10 décembre à Stockholm.

Il a avoué «une grande impatience d'être à Stockholm et de remercier le membres de l'Académie» suédoise, qui décerne le prix.

Les dix derniers lauréats

2008: Jean-Marie Gustave Le Clézio (France)

2007: Doris Lessing (Grande-Bretagne)

2006: Orhan Pamuk (Turquie)

2005: Harold Pinter (Grande-Bretagne)

2004: Elfriede Jelinek (Autriche)

2003: John Maxwell Coetzee (Afrique du Sud)

2002: Imre Kertész (Hongrie)

2001: V.S. Naipaul (Grande-Bretagne)

2000: Gao Xingjian (France)

1999: Günter Grass (Allemagne)