Depuis maintenant 15 ans, le Prix des libraires du Québec récompense les romanciers d'ici et d'ailleurs, se faisant à la fois explorateur et promoteur de littérature. Cent cinquante finalistes et 30 lauréats plus tard, c'est dans le cadre du Festival international de la littérature que le couronnement annuel avait lieu cette année mais, cette fois, enrichi d'un concours exceptionnel pour célébrer ses 15 ans.

Pour ce faire, l'ensemble des libraires du Québec et le public ont été appelés à voter parmi la liste des 15 lauréats de chacune des deux catégories du prix - roman québécois et roman hors Québec - pour l'attribution de son prix Hommage. Ainsi, Un dimanche à la piscine à Kigali (Boréal) (Prix hommage du public), de Gil Courtemanche, et Nikolski (Alto) (Prix hommage des libraires), de Nicolas Dickner, ont été primés (en fait, à nouveau primés), hier soir, lors d'un cocktail-spectacle au Lion d'or. Malheureusement, en l'absence de ceux-ci (puisque tous deux se trouvent actuellement en Europe)...

 

Les lauréats dans la catégorie hors Québec sont L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon (Grasset), le préféré des libraires, et Les cerfs-volants de Kaboul de Khaled Hosseini (Belfond), le préféré du public.

Un honneur émouvant

Gil Courtemanche et Nicolas Dickner ont accepté de répondre à quelques-unes de nos questions concernant la remise de ce prix important, et surtout quant à l'honneur répété en ce 15e anniversaire, qui n'est pas sans émouvoir les deux romanciers. C'est donc par courriel que Nicolas Dickner nous a confié avoir été particulièrement touché à la remise de la palme, en 2006, «puisqu'il s'agit d'un prix remis par des dizaines de libraires qui votent dans la province, et pas seulement par quelques membres d'un jury restreint». Si l'honneur est tout aussi émouvant pour Gil Courtemanche, celui-ci l'a reçu, en 2001, avec surprise et bonheur, mais surtout avec tout son amour et son affection pour les libraires indépendants, eux «qui se battent pour le livre intéressant», nous a-t-il dit, lorsque joint par téléphone à La Haye, où il travaille maintenant à titre de consultant pour le procureur du Tribunal pénal international, et où il termine son prochain ouvrage. «Je travaille actuellement à un roman racontant l'histoire d'un Québécois qui décide de faire la justice en Afrique. Je ne crois pas que mon éditeur soit au courant que je travaille là-dessus, même si le livre est presque terminé...»

Si les deux écrivains s'entendent pour dire que le Prix des libraires est l'une des rares récompenses qui ait un impact réel sur les ventes de livres, l'auteur de Nikolski explique que «les libraires qui votent pour un livre le défendent ensuite auprès de leurs clients. Résultat: on se retrouve propulsé vers un nouveau lectorat, plus étendu, plus varié. Pour un auteur, c'est extrêmement important».

D'autre part, la remise de ce prix a permis à Gil Courtemanche de prendre pleinement conscience de son rôle d'écrivain, puisque confirmé par les «lecteurs difficiles et exigeants» que sont les libraires d'ici.