Comme bien des adolescents, les héros de la nouvelle série Mutants, publiée par Karine Glorieux chez Québec Amérique, rêvent d’être moins ordinaires. D’avoir une vie moins banale. C’est quand ils se rendent compte que des changements insolites se produisent pour vrai qu’ils regrettent la normalité — à l’instar des gens qui, en ce moment, s’ennuient de leur routine pré-COVID-19.

« Dans la vie, même si on a le désir d’avoir le contrôle sur notre environnement, il y a toujours quelque chose qui nous échappe », observe Karine Glorieux, jointe chez elle à Montréal. Enseignante de littérature au Collège de Maisonneuve, l’autrice est aussi mère de trois enfants âgés de 11 à 17 ans, évidemment en isolement à la maison…

Retrouver l’équilibre

Le premier tome de Mutants, sous-titré Les amitiés sauvages, met en scène Lou et Théodore. Ces élèves d’une école secondaire ne se connaissent pas, mais sentent tous deux qu’ils se transforment bizarrement.

« L’idée m’est venue en regardant mes deux plus grands, il y a quatre ans, explique Karine Glorieux. À cette époque, mon deuxième enfant se mettait à passer de l’enfance à l’adolescence d’une façon qui n’était pas toujours constante. Dans Mutants, les personnages vivent des moments de crise. Ils essaient de retrouver l’équilibre. Mais on se rend compte que cet équilibre ne sera jamais complètement accessible de nouveau, parce qu’ils auront changé. »

Voilà qui résonne particulièrement chez chacun d’entre nous, alors qu’on lutte contre une nouvelle pandémie. « On peut faire le parallèle, confirme Karine Glorieux. Est-ce que tout va revenir à la normale dans quelques semaines, quelques mois ? Peut-être pas. Nos enfants, certainement, ça les aura un peu transformés, ce qu’ils auront vécu. »

PHOTO FOURNIE PAR QUÉBEC AMÉRIQUE

Mutants, tome 1 – Les amitiés sauvages, de Karine Glorieux

« Les choses se replacent toujours »

Dans Mutants, les personnages sont sauvés par l’amitié qui se développe entre eux. En cette période d’isolement social, c’est une bouée plus difficile à empoigner, quoique les liens virtuels restent forts. « À travers les situations un peu inattendues qui se passent dans la vie d’un jeune, il peut y avoir des découvertes qui seront favorables, note Karine Glorieux. Elles vont lui emmener une meilleure compréhension de qui il est et de ce qu’il devient. »

Le lancement du premier tome de Mutants, prévu le 15 mars, a évidemment dû être annulé. C’était juste après le fameux vendredi 13, alors que les écoles ont été fermées pour prévenir la propagation du coronavirus. Il est heureusement possible de commander ce roman réussi en ligne. Le second tome doit sortir l'automne prochain – croisons les doigts ! – et Karine Glorieux s’affaire déjà à écrire le troisième.

« Dernièrement, je relisais un passage du premier tome, souligne l’autrice. Ce qui est drôle, dans la vie, c’est que même les pires moments, ceux qui donnent l’impression de ne pas avoir de fin, eh bien… ils passent. Les choses se replacent toujours, tranquillement. »

Vouloir être différent… ou pas

Lou a 13 ans. C’est une fille ordinaire, qui vit dans une ville ordinaire. Jusqu’au jour où elle se rend compte qu’elle émet une espèce de ronronnement quand elle se sent bien. Théodore, 12 ans, fréquente la même école secondaire que Lou, sans la connaître. Pour communiquer avec son meilleur ami, parti vivre en Chine, il vit la nuit et dort le jour. Rien de si extraordinaire, sauf que… Très original, pas très effrayant, ce roman mêle habilement le banal et le paranormal. Parfait pour regretter la tranquille normalité… comme en temps de pandémie de coronavirus.