Un menu télévisuel équilibré se compose toujours d'une entrée légère (un quiz, un téléroman), d'un plat de résistance (un documentaire, une série lourde) et d'un dessert calorifique (110%, le show de Denis Lévesque).

Mais souvent, même après trois services, on a encore petit creux, on développe un goût maladif pour de la malbouffe télévisuelle. On zyeute alors chez Occupation double. On espionne dans le Loft. On dévore des soaps d'après-midi. On se pâme devant un oreiller Yubisaki de luxe à la Boutique TVA.

 

Ces temps-ci, je comble ma fringale de télé-bonbon avec de la «junk de luxe», soit Gossip Girl. La superficialité, le luxe et le vide intellectuel n'y ont jamais été aussi bien emballés. Vraiment, c'est du crack télévisuel. On y devient accro comme ça (bruit de claquement de doigts). Puis, on augmente dangereusement les doses, on se sent souillé et, après un marathon de 24 heures sans cligner de l'oeil, on jure de ne plus jamais recommencer. En vain.

Adaptée d'une série de livres éponymes de Cecily von Ziegesar, Gossip Girl, c'est en fait une élève anonyme de la prestigieuse académie Constance Billard, nichée dans le chic Upper East Side de New York. Son blogue, hyper populaire, détaille les frasques d'une clique dorée et friquée que dirige Blair Waldorf, l'impitoyable reine des ados gâtées. Blair habite au penthouse d'un luxueux immeuble, dort avec un loup sur les yeux et dispose de sa propre gouvernante, qui la nourrit tous les matins.

Et ce que Blair désire, Blair l'obtient. Qu'il s'agisse du dernier sac Chanel, de la tête d'une copine rivale ou d'un cocktail alcoolisé (scandale! Blair est mineure!) Ah oui, la brune Blair fréquente le séduisant Nathaniel Archibald, lui aussi riche à craquer. Leurs parents misent énormément sur cet amour d'adolescent pour unir deux des plus grosses fortunes de Manhattan.

Encore plus scandaleux: la meilleure amie de Blair, la blonde Serena van der Woodsen, a passé la dernière année dans une école de réforme. Quels secrets, S. - les personnages s'appellent tous par la première lettre de leurs prénoms - tente-t-elle de cacher à B.? Comptez sur Gossip Girl pour déterrer les potins les plus juteux. Vous savez que vous aimez ça.

Immense phénomène de culture populaire, le New York Magazine a qualifié la série de plus «trippant trip télévisuel». Selon le New York Times, le style preppy-bohémien-chic de Gossip Girl est présentement une des plus importantes influences en culture pop.

Après chacun des épisodes, les jeunes se ruent dans les Bloomingdale's et autres Barneys pour dénicher les blazers colorés, les sacs surdimensionnés et les cravates à motifs nautiques que portent les personnages du feuilleton.

Et il y a la délicieuse trame sonore, un habile mélange de pop et de rock indépendant. Pas étonnant que les créateurs de Gossip Girl soient les mêmes que The OC. Dans le premier épisode de GG, disponible en DVD, on peut autant entendre Justin Timberlake, Amy Winehouse et Rihanna, que The Mooney Suzuki et Washington Social Club. Le CD officiel de la série renferme des pièces de The Teenagers, The Kills, The Virgins et Crystal Castles.

Bon, c'est grave. Je ressens un manque. Y a-t-il un revendeur pour la deuxième saison?

Je lévite

Avec Les Bye bye de RBO en DVD. Enfin, des nouveaux classiques à dévorer, comme Zouf Story, Céline et René à Las Vegas, Donnez au suiveux, Marie-Pied qui s'ennuie de Terrebonne à Pénétration double ou la lieutenante-gouverneure Lise Thibault qui ne marche peut-être pas, mais qui roule en (insérez ici le juron préféré de Patrice Roy).

Je l'évite

Les pubs de Caballero de Argentina. Quand la voix faussement chaleureuse, teintée d'un accent douteux, nous annonce que «Los altos y bajos de Sophie Paquin» est une présentation d'un vin au nom évoquant le célèbre Caballero de Chile, désolé, mais ça ne donne que le goût d'éteindre le téléviseur. Pas d'ouvrir un vinier.