Deux membres associés de l'Observatoire sur les États-Unis de l'UQAM, Donald Cuccioletta et John Parisella, viennent de publier la deuxième édition de leur essai Élections Made in USA. Un guide pour mieux comprendre l'univers politique de nos voisins du Sud, leur système électoral et l'actuelle course à la Maison-Blanche. Moins d'un mois avant le jour du scrutin, La Presse a interviewé M. Parisella au sujet de ce duel historique entre Barack Obama et John McCain.

Q: Vous avez rédigé ce livre pour aider les lecteurs à «saisir les vrais enjeux» de cette élection présidentielle. Quels sont-ils?

 

R: Je pense que l'enjeu principal est la question financière et économique aux États-Unis. La question de la sécurité nationale joue un rôle et on souhaitait beaucoup qu'on parle d'unité du pays. Mais l'économie et la situation financière ont transformé cette campagne. Et Barack Obama en a vraiment bénéficié. Au début, c'était une question de sécurité nationale et de guerre en Irak. Mais cette question a vraiment perdu de son lustre.

Q: Pourquoi Barack Obama arrive-t-il à tirer profit plus que John McCain des problèmes financiers du pays?

R: D'une part parce que le contexte est défavorable à l'administration Bush et à sa politique. D'autre part parce que le programme de sauvetage et toutes les mesures annoncées depuis sont des projets qu'on aurait normalement associés aux démocrates. Que les républicains endossent des projets comme ça, c'est un aveu de défaite. Ça veut dire, notamment, que la déréglementation n'a pas atteint son objectif.

Q: Vous avez pris position publiquement pour Barack Obama. Vous avez écrit que, si vous étiez Américain, votre choix serait «simple» en novembre et que vous voteriez sans aucun doute pour lui. Pourquoi?

R: Barack Obama, pour moi, représenterait vraiment un nouveau départ. Celui d'une génération qui doit remplacer celle des baby-boomers, qui a fait son temps au pouvoir et qui doit reconnaître que son succès est mitigé. On a besoin de quelqu'un de nouveau avec une nouvelle approche, qui peut inspirer non seulement la jeunesse mais d'autres peuples sur la planète. Je pense que l'Amérique demeure toujours une terre d'espoir et de référence et, que dans les dernières années, on n'a pas senti ça.

Q: Si McCain l'emporte en novembre, faut-il vraiment s'attendre à quatre ans de plus de politiques à la George W. Bush?

R: Je pense qu'il faut faire preuve d'équilibre quand on répond à cette question. C'est la tactique du camp Barack Obama-Joe Biden de faire l'équivalence entre McCain et Bush. Je suis un de ceux qui pensent que si McCain avait été élu président en 2000 plutôt que Bush, on n'aurait pas le même marasme. S'il gagne, il pourrait transformer le Parti républicain en un parti un peu plus centriste. Je vous avoue quand même que je suis déçu par le choix de Sarah Palin comme colistière. C'est un clin d'oeil à l'aile droite du parti qui est, selon moi, responsable des échecs des dernières années.

Q: Le facteur racial pourrait-il nuire à Barack Obama le jour du scrutin?

R: Je pense que l'état de l'économie primera tout réflexe de nature raciale. Et je pense qu'il y a de quoi être optimiste. Que Barack Obama a de très bonnes chances de devenir président des États-Unis. Mais ce n'est pas encore fait...

Élections Made in USA

Donald Cuccioletta et John Parisella

Les Éditions Voix parallèles, 272 pages, 24,95$