Lors de sa visite au Salon du livre de Montréal l’automne dernier, Éric-Emmanuel Schmitt avait esquissé pour La Presse plusieurs de ses desseins, dont le projet d’un livre sur la musique, ainsi qu’un « carnet de voyage » – il venait tout juste de rencontrer le pape François au Vatican, à l’invitation de ce dernier.

Ledit carnet et le chef de l’Église catholique avaient en fait un lien : Le défi de Jérusalem, où l’écrivain narre ses pèlerinages en Terre sainte, sur les traces de Jésus et des ses apôtres, tout en évoquant des cheminements introspectifs sur sa foi, jadis aussi dégonflée qu’un pneu crevé, aujourd’hui fièrement revendiquée.

Au long de son périple, il évoque de quelle manière chaque étape entre en résonance (ou en dissonance) avec ses croyances, multipliant découvertes et dialogues, avec d’autres pèlerins tout comme avec lui-même. Car la foi ne le met pas à l’abri du doute ; avouant que certains rites, lieux ou fidèles de la nébuleuse chrétienne lui inspirent plutôt méfiance et scepticisme. Aussi pose-t-il dès les premiers chapitres la question de son investissement irréversible dans le bain catholique, lui dont les fondations intellectuelles reposent plutôt sur une vision cartésienne du monde.

Comment les Québécois, ayant généralement pris leurs distances avec les clochers, recevront-ils cet ouvrage empreint de spiritualité chrétienne, dont la postface est signée de la main du pape en personne ? Grâce à son regard mêlant lucidité et émerveillement, Schmitt pourrait éventuellement saisir l’attention d’athées endurcis ; si ceux-ci gardent à l’esprit que l’écrivain ne cherche pas à pousser autrui à la croyance, mais bien à exposer et à éclairer les racines de sa foi, à la lumière de ce voyage guidé par sa boussole biblique.

Le défi de Jérusalem

Le défi de Jérusalem

Albin Michel

224 pages

7/10