Imaginez que vous entriez dans la tête d’Emmanuel Macron. C’est la proposition de l’écrivain Marc Dugain dans Tsunami.

Non, il ne nomme pas comme tel l’actuel président de la République. Le narrateur est un président fictif. Après une incursion dans le monde des start-up, où il a fait fortune avec son meilleur ami en lançant une entreprise qui promet la jeunesse éternelle, l’homme se fait élire à la présidence, au grand étonnement de sa femme Vanessa, qui n’a pas beaucoup d’estime pour lui.

Ce président a des idées de grandeur. Il pousse un projet de loi où on financera les jeunes pour leur utilisation des écrans. Une idée qui n’est pas pour déplaire aux GAFAM qui ont appuyé sa campagne.

Mais son projet de loi ne passe ni dans la classe politique ni dans la population française, qui se soulève.

Et c’est là que le roman de Dugain devient complètement troublant. Écrit il y a un peu plus d’un an, il décrit presque mot pour mot la situation actuelle en France, dans la foulée de la loi sur les retraites. Colère, manifestations dans les rues, violence policière… de la politique-fiction à son meilleur qui ravira les amateurs de politique française. À plusieurs égards, la personnalité du président imaginé par Dugain emprunte de nombreux traits à Emmanuel Macron, mais pas que. L’épouse, Vanessa, qui tient à garder son emploi de journaliste, rappelle Valérie Trierweiler, ex-conjointe de François Hollande. D’autres aspects de la vie intime du président, qu’on ne révélera pas pour ne pas dévoiler de punchs, rappellent François Mitterrand.

L’entourage du président sonne vrai : conseiller politique, attachée de presse, conseil des ministres… on a l’impression d’être véritablement dans le ventre de la bête.

À mesure que l’histoire progresse, ce président fictif s’empêtre dans des pièges et des situations problématiques. Ceux qui trouvent la politique cynique seront confortés par les façons qu’il trouve pour s’en sortir.

Difficile de ne pas comparer Tsunami avec Le mage du Kremlin, qu’on avait adoré. Le style de Dugain est un peu plus grandiloquent que celui de Da Empoli, mais son roman demeure une lecture incontournable de l’été.

Tsunami

Tsunami

Albin Michel

259 pages

7,5/10