On a récemment pu découvrir la romancière et journaliste argentine Mariana Enriquez avec la traduction en langue française de son roman Notre part de nuit, paru chez Alto, une brique de 800 pages. Ceux qui souhaitent découvrir son univers où le morbide, l’horreur et le royaume des morts règnent peuvent le faire de façon plus digeste avec le recueil de nouvelles Les dangers de fumer au lit, encore une fois traduit de l’espagnol par Anne Plantagenet pour la maison d’édition québécoise.

De Buenos Aires à Barcelone, de taudis en ghettos, Mariana Enriquez met en scène un monde dur et nauséabond, où vivent des êtres qui existent hors du système ou y fonctionnent de peine et de misère : marginaux, mésadaptés, moribonds, jeunes ou moins jeunes, ils souffrent d’une inadéquation au monde, qu’ils observent souvent de loin, dans leur appartement sale et délabré, dans des bars miteux, dans des quartiers où l’espoir a depuis longtemps foutu le camp.

Ce monde horrible où point parfois une forme de beauté, aussi sordide soit-elle, est peuplé d’enfants-revenants disparus, de malédictions, de démons, d’un spectre de petit enfant en semi-putréfaction. Il y a de la nécrophagie, de la folie, du gore, du sang, des os, des corps mutilés, de la sexualité interdite, des pulsions perverses. Oui, c’est très glauque, et Enriquez a cure des tabous. Il y a dans cet imaginaire exalté, où les morts viennent hanter un monde corrompu et puant, quelque chose qui nous happe et nous fascine, dont on est incapable de détourner le regard. Soyez averti.

Les dangers de fumer au lit

Les dangers de fumer au lit

Alto

200 pages

7,5/10