Sept longues années après le prometteur Je ne suis pas celle que vous croyez, Anne Martine Parent nous revient avec un recueil abouti, maniant des images surprenantes et kaléidoscopiques.

Avec le temps, la poète a appris à tisser serré, même s’il lui arrive de ne « rien toucher par peur de briser les secrets ». C’est qu’entre la maison des poussières et le sable de la plage, « on construit l’horizon en rampant », mais dans une mouvance nommée hasard.

Elle écrit avec un plaisir évident, celui de l’enfance sans doute, qui lui permet d’émerger avec un style propre. Le livre utilise un « nous » de départ, qui inclut quiconque s’y reconnaîtra, et qui retourne vers soi pendant un été trop long et un soleil trop lourd.

« juillet continue de descendre/dans l’infini de mon ventre »

Inévitablement, les rires de l’enfance évoquée seront trahis par la vie qui n’est que métamorphose. Désirs et colères se mélangent, les rêves s’amaigrissent. « Je » est finalement une femme qui connaîtra les cicatrices et les regrets.

Ce pronom personnel sait se faire volontaire aussi puisque, après tout, il s’agit de raconter avant de disparaître, de marcher pour oublier les disparitions. Le corps devient alors mer de tranquillité. Il y a comme un contrat passé avec la mort. Souffler, souffrir et renaître jusqu’à plus soif. Advienne que pourra.

Les vers d’Anne Martine Parent virevoltent et éclatent, se posent et s’envolent de nouveau. Profonds et légers à la fois, ils savent nous entraîner dans le tourbillon de toute une vie en un mouvement constant. Avant que les rêves ne se soient éparpillés.

L’horizon par hasard

L’horizon par hasard

La Peuplade

112 pages

8/10