Si vous avez eu 20 ans à Montréal dans les années 1990, ce livre est pour vous. Ça va vous parler, pas à peu près. En voulez-vous des lundis Black Mondays (aux Foufs), des codes secrets (sur vos pagettes) ou des poutines chez Rapido, en voilà !

Julie Bosman, à qui l’on doit déjà deux romans et un recueil de nouvelles, ne lésine pas sur les souvenirs dans Pour que demain s’empare de nous, un texte ancré dans les années 1990, on l’aura compris, dans lequel trois amis un poil paumés se soûlent et se dopent, bref se cherchent.

On les suit à travers différentes années clés : 1998, retour en 1989, puis en 1990, 1991, 1992, pour finir en 1999, à la veille de l’an 2000 (et de son bogue avorté).

Il ne se passe pas grand-chose dans leur vie, et en même temps, il se passe tout. J’ai nommé : l’affaire Chantale Daigle, la tuerie de Polytechnique, mais aussi la chute du mur de Berlin et la guerre du Golfe, à un point tel que par moments (lire : souvent), les clins d’œil historiques prennent le dessus sur le récit.

Qu’importe, on se laisse nostalgiquement prendre au jeu, au son des Bérurier noir ou Radiohead (mais aussi Beck, Jean Leloup, Daniel Bélanger, Pink Floyd, les allusions se voient carrément attribuer une page de « crédits des chansons citées »), en se rappelant cette époque pas si lointaine où l’on trouvait encore des 5 1/2 sur le Plateau à 200 $ (tout inclus !), quand le salaire minimum était de 5,30 $, et qu’on buvait de la Black Label au Passeport.

Il ne se passe pas grand-chose, on l’a dit, mais le souci du détail et des rappels historiques (nouvelles insolites d’époque incluses) valent amplement le coup, si, comme pour nous, la simple évocation d’une mixtape, de la loi antitabac de Bouchard ou d’un été à planter des arbres rappelle d’infinis souvenirs.

Pour que demain s’empare de nous

Pour que demain s’empare de nous

Leméac

203 pages

7/10