L’écrivain et professeur Alain Beaulieu a annoncé samedi dernier sur Facebook qu’il renonçait à ses fonctions au sein du conseil d’administration de l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ).

« Plusieurs raisons ont motivé ce désistement, que je garderai “ par-devers moi ” si vous le permettez », écrit M. Beaulieu, qui avait accepté le 19 décembre de remplacer Pierre-Luc Landry à titre de représentant des régions.

L’UNEQ, désormais autorisée à négocier des ententes collectives grâce à la nouvelle Loi sur le statut de l’artiste, est sous le feu des critiques depuis la mi-décembre. Des membres accusent les administrateurs d’avoir pris deux décisions en catimini : l’imposition de cotisations syndicales ainsi que la mise en vente de la Maison des écrivains, avenue Laval, à Montréal.

Les cotisations imposées aux membres (2,5  %) et aux non-membres (5  %) ont fait l’objet d’un vote dans une assemblée générale virtuelle où seuls 46 votants étaient présents, l’été dernier. La mise sur le marché prochaine de la Maison des écrivains, siège social de l’UNEQ, a quant à elle été entérinée par le conseil d’administration sans aucune consultation officielle.

Dans les deux cas, le mandat de l’UNEQ est au cœur des débats. D’anciens administrateurs, des dizaines d’écrivains et onze membres d’honneur sur treize — dont Michel Tremblay, Gilles Vigneault, Jacques Godbout et Joséphine Bacon — reprochent aux dirigeants actuels de sacrifier la promotion de la littérature sur l’autel de la lutte syndicale.

« Je persiste à croire que les autrices et auteurs méritent d’être représentés collectivement par une association de type syndical, et qu’il s’agit pour elles et eux d’une grande avancée », explique Alain Beaulieu, professeur titulaire au Département de littérature, théâtre et cinéma de l’Université Laval. « Je crois cependant que ce travail de représentation doit être plus clairement distingué du mandat liminaire de l’UNEQ, en particulier celui de la promotion de la littérature. »

Deux entités ?

M. Beaulieu, dans son message de désistement, plaide pour la scission de l’UNEQ en deux entités distinctes, l’une recentrée sur la « représentation des écrivaines et des écrivains dit littéraires » ainsi que sur la promotion de la littérature, et l’autre à dessein syndical, « vouée à la défense des conditions professionnelles des autrices et auteurs de tous genres. »

Selon son plan d’action 2023-2025, l’UNEQ entend quitter sous peu la Maison des écrivains, bâtiment historique sis dans le square Saint-Louis, pour joindre les locaux de l’Union des artistes.

La constitution de deux conseils d’administration « permettrait de conserver la Maison des écrivains comme lieu de rassemblement et d’identification pour les écrivaines et les écrivains, le Syndicat pouvant s’installer dans les locaux de la rue De Gaspé, ou ailleurs », croit M. Beaulieu.