Oh, il y en aura toujours pour lever le museau sur Musso, et les allergiques à la littérature populaire passeront sans doute leur chemin avant même d’avoir entamé le moindre chapitre.

Mais on ne peut plus parler de phénomène de mode ou de succès qui fait pschit, puisque le romancier caracole en tête des écrivains les plus lus en France depuis... 11 ans ! Pour la seule cuvée 2021, il a écoulé près de 1,3 million d’exemplaires de ses bouquins, grâce notamment à la parution de L’inconnue de la Seine. C’est dire à quel point son prochain opus est attendu, y compris au Québec, où il compte son lot d’adeptes.

Angélique, donc. Nous parlerons peu de ce personnage pivot ici, mais plutôt de Mathias Taillefer, un ancien flic mal luné au passé trouble, à qui s’adressera Louise Collange, une jeune étudiante en médecine qui refuse de croire, malgré l’évidence, que son ex-danseuse étoile de mère est vraiment tombée du 5e étage par accident. Le duo dépareillé s’engouffre alors dans une enquête à haute tension, cherchant des indices au gré de peintures glauques et de témoins peu scrupuleux. Tour à tour, les masques tombent et le passé des uns et des autres refait surface, alimentant un suspense soutenu pour s’entrechoquer dans un bouquet final de type cube Rubik : et si la greffe du cœur de Mathias, l’entêtement de Louise et les petites habitudes de sa mère avaient une autre portée que celle des apparences ? Et quel rôle le voisin geek et le rendez-vous galant décevant de cette fameuse Angélique, qui a côtoyé la victime, ont-ils pu jouer ?

PHOTO EMANUELE SCORCELLETTI, FOURNIE PAR XO ÉDITIONS

L’auteur Guillaume Musso

Meurtre au deuxième plan

Un mot sur l’écriture : nous sommes ici dans la cour des Marc Levy, Alexandre Jardin et autres David Foenkinos, c’est-à-dire un espace récréatif où le phrasé ne se prend pas la tête, s’écoulant en toute simplicité et volontairement hyper digeste, tandis que tout est misé sur l’intrigue, avec rebondissements à foison. Angélique ne fait pas exception, et malgré ses personnages coulés dans des moules galvaudés, on note un procédé étonnant : le récit vous livre assez rapidement le nom du coupable, son mobile et son procédé, en contrepied total des mécanismes du genre. Le meurtre n’y est donc plus vraiment le point de convergence, au profit de la révélation des véritables visages et aspirations de la troupe de personnages. Efficace pour qui aime la légèreté des lettres.

Angélique

Angélique

Calmann-Lévy

320 pages

6,5/10