Rien ne va plus dans la vie de Sam, adolescent attardé et poteux invétéré. Il peine à payer son loyer dans un immeuble décrépit de Utown, quartier populaire d’une ville qui n’est jamais nommée.

Chroniques d’un quartier en mutation

  • Extrait de Utown

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    Extrait de Utown

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    Extrait de Utown

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    Extrait de Utown

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Quand l’embourgeoisement cogne à sa porte et que l’immeuble est menacé de démolition, Sam retrouve un début de sens à son existence. Il veut sauver Utown des bobos qui boivent des cafés à 6 $… Seulement, il a accepté de peindre plusieurs toiles pour un de ces cafés nouveau genre. Entre la panne d’inspiration, le retour d’une ex plus ou moins oubliée et sa colocation avec Edwin, un adolescent sans famille débarqué de nulle part, Sam peine à naviguer. Surtout qu’il a un talent rare pour s’attirer des emmerdes.

Avec sa galerie de personnages marginaux attachants, la bédéiste montréalaise Cab (à qui l’on doit notamment Hiver nucléaire) offre ici une lettre d’amour aux quartiers mal-aimés de nos cités et à ceux qui les transforment en véritables communautés. Avec ses dessins en noir et blanc fortement inspirés des mangas, celle qui a toujours vécu dans Hochelaga propose une histoire touffue et touchante sur l’impact de l’embourgeoisement sur la vie des habitants.

Utown

Utown

Nouvelle adresse

228 pages

7/10

Livraison sensible

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Extrait de Débarqués

Il n’y avait pas de raison pour que ça se passe mal. Les deux « colis » devaient être livrés à l’endroit convenu, près de Val-d’Or. Il suffisait de laisser la cargaison sur place et de revenir le lendemain. Rien de trop sorcier. Seulement, quand la marchandise est aussi peu banale, il y a mille façons pour que le plan dérape. Gil et Jean-Fran vont vite s’en apercevoir…

Avec Débarqués, les bédéistes québécois André Marois (au scénario) et Michel Hellman (aux pinceaux) proposent un road trip pas comme les autres, où les émotions l’emportent sur la beauté des paysages. Ici, le voyage est surtout intérieur, et c’est vrai aussi pour le lecteur, confronté à ses préjugés, mais aussi bouleversé par le drame qui se déploie de case en case. L’humanité n’est pas ici présentée sous son meilleur jour et pourtant, on referme cet album tendre avec un étrange sourire aux lèvres… Une lecture qui force la réflexion sur le sort qu’on réserve aux plus vulnérables.

Débarqués

Débarqués

La Pastèque

99 pages

6/10

Roman noir parigot

  • Extrait de Pigalle, 1950, par Christin et ARRROYO (DARGAUD)

  • Extrait de Pigalle, 1950, par Christin et ARRROYO (DARGAUD)

  • Extrait de Pigalle, 1950, par Christin et ARRROYO (DARGAUD)

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Pigalle, 1950, scénarisée par Pierre Christin, a quelque chose du roman noir. Parti d’une campagne où il ne voyait plus son propre horizon, Antoine arrive à Paris, où il s’intègre peu à peu à la faune de La lune bleue, cabaret de Pigalle tenu par des malfrats, qui présente notamment des spectacles d’effeuilleuses. Il n’a pas l’ambition de devenir un gangster : le jeune homme est plutôt naïf et met du temps à comprendre avec quel genre de gens il fricote. Et c’est justement ce qui finira par en faire une recrue intéressante…

Ce qui happe, d’abord, ce sont ces magnifiques pages faites de noir, de blanc, mais surtout de gris parfois rehaussé d’une pointe de chaleur. Jean-Michel Arroyo dessine un film d’époque, avec une précision et une élégance remarquables, un souci du détail architectural et une affection évidente pour le Paris d’antan auquel il redonne vie.

Christin, lui, avance avec minutie dans cette histoire, construit délicatement le regard d’Antoine sur les gens et les choses, lui faisant peu à peu perdre son innocence, mais jamais ses bons sentiments. Il trouve l’équilibre entre la nécessaire violence (les gangsters ne s’offrent pas des fleurs entre eux…) et la bonté des gens qui vivent — pas toujours par choix — dans ces mondes interlopes. Mais Pigalle, 1950 reste d’abord et avant tout une carte postale venue d’un Paris aujourd’hui disparu.

Pigalle, 1950

Pigalle, 1950

Aire libre/Dupuis

152 pages

7/10

La condition humaine

Inspirée d’une nouvelle de Kafka intitulée Rapport à l’Académie, La conférence de Mahi Grand raconte la transformation d’un singe en être humain — une trajectoire inverse à celle que vit Gregor Samsa dans La métamorphose. Capturé dans son habitat naturel en Afrique, puis ramené en Europe par bateau, le singe mettra cinq ans à se défaire de sa condition simiesque pour devenir humain. Sa motivation ? Pas la liberté, qu’il associe ni plus ni moins à une illusion. Il cherchait plutôt une « issue », à s’affranchir des barreaux de la cage où il avait été confiné.

Ce n’est pas de ce qui distingue l’animal de l’être humain qu’il est question ici. Plutôt de la condition humaine. Du processus d’imitation par lequel on grandit, on apprend à faire sa place, à se faire accepter, voire à se conformer. Quitte à oublier d’où l’on vient. Une réflexion philosophique que Mahi Grand transpose dans des compositions riches, colorées, où il multiplie les approches visuelles et joue habilement avec le découpage.

La conférence

La conférence

Dargaud

126 pages

6/10

Autres sorties

Tanger sous la pluie

En 1912 et 1913, le peintre Henri Matisse fait deux séjours à Tanger. Ce lumineux album brode le récit du peintre en terre marocaine, au milieu de couleurs et de lumières qui l’enchantent. Là, il fera la rencontre de Zorah, une prostituée qui lui servira de modèle et qui, mieux, lui racontera un conte fabuleux. Une lecture qui fait voyager : difficile de résister. (S.M.)

Tanger sous la pluie

Tanger sous la pluie

Dargaud

120 pages

Wildwest, T. 3 : Scalps en série

L’excellente série Wildwest, mise en images par le Québécois Jacques Lamontagne — avec Thierry Gloris au scénario —, est de retour. C’est l’occasion de retrouver Calamity Jane (plus déterminée que jamais à venger la mort de son époux) et le justicier Wild Bill, à qui s’ajoute ici un terrifiant tueur en série. Décidément, la route vers l’Ouest est imbibée de sang…

Wildwest, T. 3 : Scalps en série

Wildwest, T. 3 : Scalps en série

Dupuis

48 pages

Samouraï

Le prolifique Fabrice Caro, qui vient tout juste de nous faire sourire avec Moon River, revient avec Samouraï… où il n’est pas du tout question de combats à l’épée. Alan est habité par la question que lui a léguée Lisa avant de le quitter : « Tu ne veux pas écrire un roman sérieux ? » Il entend alors passer l’été à s’atteler à l’écriture d’un livre profond et poignant avec la discipline du samouraï. Mais bon, il y a la piscine du voisin dont il faut s’occuper, surtout que l’eau verdit et que de drôles d’insectes y apparaissent…

Samouraï

Samouraï

Gallimard

224 pages