Difficile de croire qu’il s’agit d’un premier roman tellement ce texte est à la fois mature et maîtrisé. On y suit l’histoire d’August, du début de l’adolescence à l’aube de l’âge adulte, du Michigan au Montana, de la maison de son père à celle de sa mère. Sous nos yeux, au fil des jours et des expériences, on voit un homme se construire : le divorce de ses parents, les premières expériences sexuelles, la masculinité toxique et ses terribles conséquences, la solitude aussi…

D’un côté, un père taiseux qui aimerait que son fils le rejoigne dans l’exploitation de sa petite ferme. De l’autre, une mère intellectuelle et politisée qui l’encourage à penser par lui-même. Au cœur de cette famille éclatée, un jeune homme qui évolue au gré des rencontres et des évènements, pas tout à fait acteur de sa propre vie.

On plonge ici dans l’Amérique des gens ordinaires, loin, très loin des lumières scintillantes du New York sophistiqué de Jay McInerney ou des sagas familiales dysfonctionnelles de Jonathan Franzen. C’est l’Amérique de Jim Harrison avec ses grands vents, son ciel immense et ses personnages tout droit sortis d’un film de Clint Eastwood.

Les attentats du 11-Septembre retentissent comme un écho lointain, même si la tragédie aura des répercussions bien réelles dans l’entourage du jeune August, qui sera marqué par la tragédie.

On est séduite par l’ampleur de ce roman, l’exotisme des grands espaces, le ton à la fois doux et rugueux de l’auteur… La première nouvelle de Callan Wink, publiée dans le New Yorker, avait été très remarquée. Avec ce roman, il accède déjà au statut des écrivains qui comptent aux États-Unis. Un écrivain qu’on suivra avec attention.

August

August

Albin Michel

380 pages

8/10