Une femme dans la quarantaine, grosse carrière, un enfant, toujours au bout de ses courriels, craque. Elle dit n’avoir connu que l’ordinaire, n’ayant pas eu le courage du reste. Mais c’est cet ordinaire qui aura raison d’elle et l’entraînera dans une quête existentielle : « Comment une femme riche, dans un pays riche, en arrive-t-elle à ne plus avoir envie de sa vie ? »

Elle s’appelle Marie, alter ego fictif (mais pas tant) de Marie-Pierre Duval, une recherchiste et productrice qui a travaillé sur des émissions phares comme Les francs-tireurs, Tout le monde en parle et Deux hommes en or, avant d’amorcer un changement de vie qui lui a inspiré ce premier roman magnifiquement intitulé Au pays du désespoir tranquille. Marie, c’est aussi « la voisine, l’amie, l’amie de l’amie, la fille d’à côté, la mère du quartier ». « Je suis La femme qui fuit qui aurait choisi ses proches. Qui ne serait pas allée en Alabama, ni à Londres ni à Paris. [...] Je suis Nelly Arcan qui n’aurait jamais été Putain, ni écrivaine, ni géniale. » Joliment dit.

Marie travaille elle aussi dans le monde de la télévision, aux côtés de l’Animateur, du Patron, de la Duchesse, du Tyran et du Petit Crisse. Un monde sans pitié où, « pour faire des chiffres, il faut des lettres » (les fameux A !). Avec sa plume vive, parfois tranchante, parfois douce et imagée, l’autrice nous offre des passages délicieux sur les coulisses de la télé. Mais c’est peut-être en voulant rendre fictifs des personnages inspirés du réel qu’elle a mis au monde des personnes trop caricaturales en manque de nuances.

Le personnage principal, lui, n’en manque pas, et voilà un roman qui touchera certainement bien des femmes (et des hommes aussi) aux prises avec ce désespoir tranquille. Mais, le sujet de la charge mentale, de la wonder woman et de la mère au bout du rouleau n’étant pas nouveau, on parcourt tout de même ce récit avec une impression de déjà-lu.

Au pays du désespoir tranquille

Au pays du désespoir tranquille

Stanké

304 pages

6/10