(Madrid) Le prix Nobel de littérature hispano-péruvien Mario Vargas Llosa, 86 ans, a été hospitalisé après avoir contracté le coronavirus et son état « évolue favorablement », a annoncé vendredi son fils Alvaro Vargas Llosa.

« Il y a quelques jours, en raison de complications provoquées par le coronavirus, il a été admis dans une clinique de Madrid », a écrit le fils de l’écrivain sur Twitter. « Grâce au traitement, son état évolue favorablement », a-t-il ajouté.

« Nous remercions, lui et sa famille, pour toute l’affection qu’on nous témoigne et nous demandons à la presse de bien vouloir respecter sa vie privée », a conclu ce message signé par les trois enfants de l’écrivain, Alvaro, Gonzalo et Morgana.

L’auteur péruvien, naturalisé espagnol en 1993, venait de présenter début avril son dernier ouvrage, Le regard calme (de Pérez Galdos), un essai sur l’écrivain espagnol Benito Pérez Galdos (1843-1920).

Il devait assister la semaine prochaine à la présentation d’une biographie de Miguel de Cervantes, l’auteur du Quichotte, par Santiago Muñoz Machado, évènement qui a été reporté.

Prix Nobel de Littérature en 2010, Vargas Llosa est le dernier représentant de la génération d’écrivains latino-américains dite du « Boom » à laquelle appartenaient également le Colombien Gabriel Garcia Marquez, l’Argentin Julio Cortazar ou le Mexicain Carlos Fuentes.

« Rêveurs par nature »

« Nous, les Latino-Américains, nous sommes des rêveurs par nature et nous avons du mal à différencier le monde réel de la fiction. C’est pour cela que nous avons de si bons musiciens, poètes, peintres et écrivains, et tant de dirigeants horribles et médiocres », avait-il déclaré en 2010, peu de temps avant de recevoir le Nobel.

Admiré pour sa description des réalités sociales, mais critiqué par les milieux intellectuels sud-américains pour ses positions conservatrices, traduit en une trentaine de langues, Vargas Llosa, francophile, a été le premier écrivain étranger à entrer de son vivant dans la prestigieuse collection française de la Pléiade en 2016, année de ses 80 ans.

Né à Arequipa dans le sud du Pérou le 28 mars 1936 dans une famille de la classe moyenne, Vargas Llosa a été élevé par sa mère et ses grands-parents maternels en Bolivie puis au Pérou. Après des études à l’Académie militaire de Lima, il obtient un diplôme de lettres et fait ses premiers pas dans le journalisme.

Il s’installe ensuite à Paris au début des années 1960, des années « décisives », écrit-il dans l’avant-propos de ses œuvres publiées dans la Pléiade.

C’est là que l’auteur de L’orgie perpétuelle — essai sur le métier d’écrivain à travers Madame Bovary — écrit ses premiers romans. Il raconte que « c’est grâce à Flaubert » qu’il a appris la méthode de travail qui lui convenait et à devenir « l’écrivain qu’il souhaitait être ».

C’est aussi à Paris — où Vargas Llosa est traducteur, professeur d’espagnol ou journaliste à l’Agence France-Presse — qu’il se marie avec sa tante par alliance Julia Urquidi, de dix ans son aînée, qui inspirera plus tard à l’auteur La tante Julia et le Scribouillard.

Quelques années plus tard, il se sépare de Julia Urquidi et épouse sa cousine germaine et nièce de son ex-femme, Patricia Llosa, avec qui il a trois enfants et est resté 50 ans.

Sa carrière littéraire prend son envol en 1959 avec son premier recueil de nouvelles, Les caïds. Le succès vient avec La ville et les chiens (1963) puis La maison verte (1966) et se consolide avec Conversation à la Cathédrale (1969).

Suivent Pantaleón et les visiteuses, La guerre de la fin du monde ou encore Le poisson dans l’eau, mémoires retraçant notamment sa campagne électorale pour la présidentielle péruvienne de 1990. L’auteur clame alors son intention de continuer à écrire jusqu’à ses derniers jours.