De fin du monde, il est aussi question dans le plus récent recueil de Jean-Marc Desgent, Quelques enfants sauvages. Nul besoin de répéter la liste des cataclysmes, naturels ou non, qui menacent en ce moment la vie sur terre. Dans ce recueil poignant, le poète les a tous ingérés, de l’universel au personnel. Il cherche une forêt à habiter pour survivre au désastre.

Jean-Marc Desgent est ce chien renifleur qui fouille sous les feuilles mortes, retourne les cailloux, visite les morgues et les cimetières, les églises comme les ruines. Il cherche incessamment, explore tous les recoins, décrit et dénonce. Il est celui qui aurait pu marcher « dans l’extase, mais il n’y a rien trouvé », sinon un ciel annonçant « catastrophes et sangs coulant ».

Nihilisme ? Dans le sens de scepticisme moral, certainement. Cette quête, cependant, prolonge celles de ses livres récents Strange fruits et Misère et dialogue des bêtes, où le poète se montre fasciné par les réalités animale, végétale et organique qui survivront aux actions délétères humaines.

On pourrait aussi parler, dans un sens biblique eu égard aux nombreuses références religieuses, d’un post-testament tellement la renversante force d’évocation des poèmes nomme une nouvelle apocalypse.

Qui ne retrouve pas une partie ou une totalité de ses regards ébahis sur le monde lance la première prière au poète. Jean-Marc Desgent n’a point besoin de l’écrire comme tel. On le pressent avec lui : seuls quelques enfants sauvages et des cerfs « maison dieu » survivront. Sa poésie faite de « pensée radicale » permet de les entrevoir avec un certain ravissement.

Quelques enfants sauvages

Quelques enfants sauvages

Poètes de brousse

104 pages

8/10