L’écrivain et poète américain Jason Mott n’est peut-être pas très connu du public francophone, mais son premier roman, Face à eux (paru en 2013) avait été sur la liste des best-sellers du New York Times et adapté en série télévisée (Resurrection).

L’enfant qui voulait disparaître est son quatrième roman ; fortement inspiré de son expérience personnelle, il a remporté le prestigieux National Book Award l’automne dernier. Le narrateur est un écrivain qui parcourt le pays pour faire la promotion de son nouveau livre. Au cours de l’une de ses escales, un enfant à la peau « plus sombre encore que la pénombre du sommeil » lui apparaît. L’écrivain, qui ne parvient plus à discerner la réalité du fruit de son imagination, entame alors un dialogue avec ce garçon surnommé Charbon, alors que tous les médias parlent d’un enfant noir qui a été abattu par la police. Ensemble, ils discuteront de cette peur qui hante « les gens d’une certaine couleur de peau » et qui a poussé les parents du garçon à lui apprendre à devenir invisible, pour le protéger. L’enfant le suivra tout au long de sa tournée jusqu’en Caroline du Nord, dans la ville où il a grandi, « cette partie du monde [où] on ne manque de rien », écrit-il, des drapeaux confédérés aux statues financées par les descendants des confédérés, des lynchages aux émeutes. « C’est une histoire trop immense à raconter », dira l’écrivain à l’enfant qui l’implore d’écrire sur sa vie pour qu’il puisse enfin exister. Et pourtant, à travers cette puissante métaphore qui donne une voix à ceux qui en ont été longtemps privés, il parviendra quand même à la raconter, en faisant écho à toute une génération qui ne demande que de vivre sans la crainte de tomber sous les balles.

L’enfant qui voulait disparaître

L’enfant qui voulait disparaître

Autrement

432 pages

8/10