Traduites en 10 langues et publiées dans 26 pays, les aventures de Léa Olivier connaissent un succès international. Pour souligner les 10 ans de ce pétillant personnage de la littérature jeunesse d’ici, La Presse a réuni l’autrice Catherine Girard-Audet et des fans de la série. Discussion entre filles.

Installée dans le ludique escalier qui ne mène nulle part du café-boutique Les Malins, Catherine Girard-Audet replonge dans ses souvenirs du lancement du premier tome de La vie compliquée de Léa Olivier. « Je me sentais très naïve et j’étais hyper nerveuse parce que c’était la première fois que j’écrivais de la fiction », confie-t-elle.

Les lectrices ont rapidement adopté le personnage de Léa, une adolescente de troisième secondaire dont le quotidien est chamboulé lorsqu’elle quitte son village natal pour déménager à Montréal.

Au Salon du livre jeunesse de Longueuil, un mois plus tard, j’avais un line-up. Je pensais qu’India Desjardins était derrière moi, puis j’ai réalisé que c’était pour moi.

Catherine Girard-Audet

Assises à ses côtés, Maya Thériault, 14 ans, et Alice Morand, 10 ans, écoutent attentivement ce retour dans le passé à une époque où elles n’étaient encore que des bambines. « Ce sera probablement l’une de mes plus grandes fiertés d’avoir été capable d’accrocher plus d’une seule génération », affirme Catherine Girard-Audet lorsqu’on lui mentionne l’âge de ses deux fans.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Maya Thériault, 14 ans, et Alice Morand, 10 ans, ont pu poser toutes les questions qu’elles voulaient à Catherine Girard-Audet.

La découverte

Comment celles-ci ont-elles découvert le personnage de Léa Olivier ?

« C’est dans une librairie. J’ai vu le livre et je trouvais le résumé intrigant. C’est une des premières séries pour adolescents que j’ai lues », répond Maya, pour qui lire est une si grande passion qu’elle fait des critiques de livres sur les réseaux sociaux.

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« Il y avait des romans à l’école, et je me suis dit que j’allais les essayer. C’est full bon. J’ai débuté en plein milieu de la série, puis j’ai lu le premier », explique, pour sa part, Alice. « Ça arrive souvent, maintenant qu’on est rendus au tome 15 », commente l’autrice. Et ce nombre impressionnant ne comprend pas les hors-séries, les bandes dessinées et le roman graphique…

Les deux filles ont lu tous les tomes de la série (à une exception près). Qu’est-ce qui leur plaît dans les histoires d’amour et d’amitié de l’adolescente un peu drama queen ? « C’est très réel. On peut s’identifier aux personnages parce qu’il y en a plusieurs et ils sont vraiment différents », explique Maya.

Alice se demande d’ailleurs d’où vient l’inspiration de l’autrice.

Ma principale source d’inspiration, c’est mon adolescence. Je suis déménagée à Montréal à ce moment-là. […] C’est souvent un conseil que je donne aux jeunes qui veulent écrire : inspirez-vous de quelque chose que vous avez vécu.

Catherine Girard-Audet

Elle estime qu’environ 70 % des éléments de sa série sont tirés de la réalité. « La plupart des personnages sont vraiment inspirés de gens que j’ai rencontrés », dit-elle.

Léa au cégep

Dans La fiesta, le plus récent tome de la série paru en novembre dernier, Léa Olivier étudie au cégep depuis peu. « Où penses-tu arrêter la série ? », demande Maya. « Ç’a toujours été mon plan de la rendre au cégep. […] Ma vraie crise d’adolescence, je l’ai vécue là, vers 18-21 ans. […] C’est vraiment une période charnière que je voulais absolument aborder dans Léa Olivier », répond l’autrice. « À court-moyen terme, ce n’est pas dans mon plan d’arrêter », ajoute-t-elle.

Âgée de 10 ans, Alice trouve-t-elle que la réalité de l’héroïne est trop loin de la sienne maintenant qu’elle est au cégep ?

Je trouve ça intéressant pareil parce que je me demande : est-ce que c’est comme ça que ça va se passer quand moi je vais grandir ?

Alice Morand, 10 ans

Entre les fans de la première heure et les nouvelles lectrices préadolescentes, il y a une grande différence d’âge. Est-ce difficile de s’adresser autant à la fille de 11 ans qu’à la jeune femme de 21 ans ?

« Dans Léa, j’explore beaucoup plus les émotions, les sentiments, les liens. Je vais moins dans le concret, dans les premières expériences. C’est sûr que pour explorer des thématiques un peu plus compliquées, sur le plan sexuel par exemple, ça va être plus difficile. […] En même temps, je n’écris pas Moi, Christiane F., droguée, prostituée ou L’herbe bleue. »

Elle se tourne vers les deux filles et précise : « Ce sont des romans de ma jeunesse qui racontent comment faire de la drogue. »

« Léa, c’est très sweet », ajoute-t-elle.

Vers un 16e tome

Catherine Girard-Audet entamera sous peu l’écriture du 16e tome. À quoi peut-on s’attendre ?

« Léa n’a pas changé. Elle n’est pas devenue une adulte du jour au lendemain parce qu’elle est au cégep. C’est même l’inverse. Elle va faire des erreurs. […] Il y a des choses qui s’en viennent pour elle dont vous ne pouvez pas vous douter », répond-elle, en évoquant des moments difficiles.

En attendant ce prochain tome à paraître cette année, les fans peuvent se rabattre sur le hors-série Bonne fête Léa, recueil de nouvelles racontées par huit personnages de la série offert en librairie dès le 3 mars. « On sort des nouvelles, parce que je n’avais jamais été là. […] Je veux offrir quelque chose de plus aux lectrices. Je n’ai pas envie de faire du réchauffé. »

Avant de clore l’entrevue, une dernière question, les filles ? « Peux-tu signer ma copie ? », demande Maya en lui tendant un exemplaire de Bonne fête Léa. Ce que Catherine s’empresse de faire avec plaisir.

La vie compliquée de Léa Olivier – Bonne fête Léa

La vie compliquée de Léa Olivier – Bonne fête Léa

Éditions Les Malins

Dès 10 ans

Le retour de Léa Olivier à la télé

Les vacances approchent pour Léa Olivier et ses amis dans la saison 2 de la série télé, dont les 12 épisodes sont offerts sur Club Illico depuis la semaine dernière. « C’est inspiré des tomes 3, 4, 5, explique Catherine Girard-Audet. Si vous avez vu la bande-annonce, vous savez qu’il y a une partie dans un camp. […] Le fameux camp de vacances du tome 4. » Là-bas, Léa, qui prend une pause de ses amours compliqués, sera heureuse de retrouver son amie Marilou. Mais attention : les « nunuches » sont aussi sur place, au grand dam de l’héroïne, interprétée par Léanne Désilets. « Je pense que la saison 2 est meilleure que la saison 1. Honnêtement. J’ai dévoré les épisodes », confie l’autrice en soulignant le talent des jeunes acteurs « qui se sont tous un peu plus approprié leur personnage ».

En savoir plus
  • Léa Olivier, en chiffres
    1,5 million d’exemplaires vendus dans le monde 24 romans
    11 bandes dessinées 1 roman graphique
    1 série télé