Pour bien des lecteurs, l’été est synonyme de polars. Pour d’autres, les vacances sont la période idéale pour relire Proust dans La Pléiade… ou pour plonger dans une pile de bandes dessinées. Chose certaine, la préparation de la liste de lecture des vacances est un rituel qui suscite beaucoup de bonheur. Nous en avons parlé avec des libraires.

« L’été, les gens arrivent avec des envies de lectures plus légères », observe Roger Chénier, copropriétaire de la libraire L’écume des jours. « Rien de trop lourd ou de trop dramatique », ajoute celui qui conseille les clients de cette librairie de quartier située rue Villeray, à quelques mètres de la rue Saint-Denis.

« L’été, c’est le moment où on sort de notre routine habituelle, rappelle pour sa part Mélissa Boudreault, de la nouvelle librairie Le renard perché, rue Ontario, dans Hochelaga-Maisonneuve. On a plus de temps libres, on est en mode détente et ça se reflète dans nos choix de lecture. La littérature de genre et les romans graphiques sont de bons choix pour lire au parc ou sur la terrasse. Nous, on s’adapte aux goûts et aux demandes de la clientèle et on fait des suggestions en ce sens. »

Sa collègue Raphaëlle Beauregard adore le rituel qui consiste à préparer une liste de lecture pour les vacances.

Les gens arrivent à la librairie avec leur liste. Mais je remarque aussi qu’ils sont de plus en plus ouverts à la découverte.

Raphaëlle Beauregard, libraire au Renard perché

« Pour moi, une lecture d’été, c’est d’abord un bon livre », lance quant à elle Guilaine Spagnol, qui a ouvert sa libraire La maison des feuilles au début du mois de mai, rue Bélanger. « Personnellement, avant la pandémie, mes lectures d’été ont toujours été en lien avec mes voyages, poursuit la libraire. J’aime découvrir des destinations dans les livres puis aller les visiter par la suite. C’est d’ailleurs ce que j’avais fait avant de venir m’installer au Québec, il y a quatre ans. J’avais lu Michel Tremblay puis une fois ici, je suis allée découvrir le Plateau en marchant. Si je vais à Cuba, au Mexique ou en Italie, je choisirai des écrivains de la place. »

La saison des polars

David Cantin navigue dans une catégorie à part. Libraire à la Zone Coop, à l’Université Laval, à Québec, il est entouré de professeurs et d’étudiants, une clientèle exigeante qui vient le consulter pour des essais pointus ou des livres spécialisés. Quoique… au moment où nous lui avons parlé, il se réjouissait de la présence d’une clinique de vaccination dans le même édifice que la librairie, ce qui lui a emmené de nouveaux visiteurs. Ce boulimique de lecture, grand lecteur de romans français, entre autres, a toujours une bonne recommandation dans son carnet. « Pour moi, l’été est synonyme de rentrée littéraire, dit-il. Comme je dispose d’un peu plus de temps, j’aime bien regarder vers l’avant et lire les romans qui paraîtront à l’automne. »

Mais si vous visitez sa librairie, il vous proposera peut-être un livre qui évoque l’été comme les derniers romans de Pierric Bailly (Le roman de Jim, P. O. L.) ou de Thomas André (L’avantage, Tristram). « J’aime découvrir de nouvelles voix, des auteurs qui ont un réel souci de l’écriture », dit-il.

Cela dit, pour un grand nombre de lecteurs, qui dit vacances dit polars. C’est un incontournable estival comme les grillades et le rosé. « L’été est un bon moment pour en lire, car ce sont souvent des univers très durs, très sombres, et on est peut-être mieux disposé pour lire ça », souligne Guilaine Spagnol, qui vient justement de disposer plusieurs polars dans la vitrine de sa librairie de La Petite-Patrie.

Et les libraires, eux, que liront-ils cet été ? David Cantin plongera dans les titres à venir et Roger Chénier compte bien lire de la poésie. Quant à Mélissa Boudreault, Raphaëlle Beauregard et Guilaine Spagnol, elles ont toutes trois répondu qu’elles allaient en profiter pour rattraper des titres qu’elles ont ratés durant l’année… avant l’avalanche de la rentrée.

Les suggestions des libraires

Mélissa Boudreault (Le renard perché) :

Un océan de minutes

Un océan de minutes

XYZ

Il était deux fois

Il était deux fois

Fleuve noir

Raphaëlle Beauregard (Le renard perché) :

Le fond des choses

Le fond des choses

Les herbes rouges

La voleuse

La voleuse

Poète de brousse

Roger Chénier (L’écume des jours) :

Un bref instant de splendeur

Un bref instant de splendeur

Gallimard

Le dernier été en ville

Le dernier été en ville

Gallimard

Guilaine Spagnol (La maison des feuilles) :

Sur la route vers ailleurs

Sur la route vers ailleurs

Pavillons Robert Laffont

Haute démolition

Haute démolition

De ta mère

David Cantin (Coop Zone) :

Un jour ce sera vide

Un jour ce sera vide

Christian Bourgois éditeur

Marécages de l’utopie

Marécages de l’utopie

Héliotrope