Florence Aubenas n’est pas seulement une des meilleures journalistes françaises, c’est aussi une des plus belles plumes. Dans L’inconnu de la poste, elle enquête sur un fait divers, un meurtre commis en 2008 à Montréal-la-Cluse, une commune française située dans les montagnes entre Lyon et Genève. La fille de l’ancien maire, employée de la poste, 41 ans, était enceinte de 5 mois lorsqu’elle a été poignardée de 28 coups de couteau.

Rapidement, les soupçons se dirigent vers Gérald Thomassin, qui habite Montréal depuis peu. Thomassin jouit d’une certaine notoriété. Il a joué dans Le petit criminel de Jacques Doillon, un rôle qui lui a valu le César du meilleur espoir masculin en 1991. Mais il a une vie compliquée. Enfant de la DDASS (l’équivalent de notre DPJ), il a des problèmes de consommation et tire le diable par la queue. À Montréal, où tout le monde se connaît, il traîne dans les cafés avec d’autres toxicomanes, boit un coup et emprunte de l’argent à gauche et à droite.

La journaliste Florence Aubenas se rend à Montréal pour le quotidien Le Monde. L’affaire connaît plusieurs rebondissements. Même le célèbre avocat Éric Dupond-Moretti (l’actuel ministre de la Justice en France) s’en mêle.

Dans ce livre – qui s’inscrit dans la lignée d’In Cold Blood de Truman Capote –, elle décrit avec brio les personnages, l’atmosphère, la réalité socioéconomique de la région où s’est déroulé le drame. Aubenas est une formidable conteuse. Elle ne se met jamais à l’avant-scène et laisse toute la place au récit et aux personnages. Au final, son texte est bien plus qu’une enquête journalistique, c’est un roman de Zola ou le scénario d’un film de Tavernier. On le dévore jusqu’à la dernière page.

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L’inconnu de la poste, de Florence Aubenas

L’inconnu de la poste
Florence Aubenas
Éditions de l’Olivier
240 pages
★★★★