Regrets, abandons, mélancolie : La pierre du remords creuse ce qui ronge les âmes jusqu’à faire mourir à petit feu. Ce troisième roman d’Arnaldur Indridason consacré à Konrad – détective veuf et retraité hanté par son passé – pèse lourd, mais s’embourbe dans ses fils narratifs.

Une vieille femme est retrouvée morte, étouffée par un sac de plastique, et c’est Marta qui mène l’enquête. Or, la victime, Valborg, avait joint Konrad peu avant sa mort, lui demandant de retrouver un enfant qu’elle avait donné en adoption au début des années 1970. Il avait refusé.

Pris de remords, le retraité mène son enquête parallèlement, tout en cherchant à élucider l’autre affaire qui l’habite : le meurtre de son escroc de père, survenu des décennies plus tôt.

L’Islande est un tout petit pays, des gens impliqués dans une tragédie frôlent peut-être ceux touchés par une autre…

Indridason prend soin de faire peser le passé sur le présent des personnages, de décortiquer leurs blessures mal pansées. Il multiplie les sauts dans le temps, s’attarde à des histoires parallèles (les séances de spiritisme manipulées par le père de Konrad) et effleure la souffrance de femmes victimes de la violence des hommes.

Tout ça est dense. Sauf que le romancier s’égare ici en arpentant trop de chemins de traverse. Le drame intime de Konrad fait du surplace. Pire, il pèse comme un boulet sur le récit, plombe ce qu’il aurait pu y avoir de tension. La peinture sociale, ici, ne suffit pas à racheter les longueurs et les pistes qui ne mènent nulle part.

PHOTO FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

La pierre du remords, d’Arnaldur Indridason

La pierre du remords
Arnaldur Indridason
Traduction de Éric Boury
Éditions Métailié
352 pages
★★