Avant de nous confronter au Fantôme de Suzuko, nous sommes partis déterrer Le cadavre de Kowalski, paru en 2015, (dé)composé par le même auteur — qui avait entre-temps signé La chair de Clémentine.

Changement d’atmosphère : la poésie macabre et décalée cède la scène au spleen et aux tribulations d’un Montréalais au Japon, remontant le fil de son passé. Oh, de la mort, il y en a aussi, ici. Une en particulier : celle de Suzuko, l’ancienne dulcinée du protagoniste. Justement, les raisons de sa disparition (et ses hypothétiques réapparitions) vous taraudent tout au long du roman, entre deux vernissages de galerie d’art.

En attendant de découvrir pourquoi il est question d’« exposer sa tête », on navigue dans celle du narrateur, ballotté entre séismes actuels et révolus. Soutenu par une bonne construction du récit, une poésie savamment dosée (ni trop, ni pas assez), une restitution très honnête de Tokyo et de sa faune sociale, esquivant les clichés, Le fantôme de Suzuko aspire à une intrigante tendresse elle-même très nipponne.

Une histoire à fleur de peau très coulante, même pour ceux ayant la hantise, comme nous, d’être noyés par l’abus de ces mini-phrases nominales mitraillées à tout bout de champ.

Le fantôme de Suzuko
Vincent Brault
Héliotrope 200 pages
★★★★