Michel Rabagliati a remporté le Prix de la série au Festival d’Angoulême avec Paul à la maison. Il s’agit d’une deuxième récompense à ce prestigieux évènement pour le bédéiste dont l’album Paul à Québec avait été le choix du public en 2010.

« C’est bien le fun, c’est plaisant d’avoir une tape dans le dos, se réjouit l’auteur. Ça récompense 21 ans de travail, on dirait. Ça me touche qu’ils trouvent que ça vaut la peine de le souligner. » Il ajoute en riant se demander si recevoir ce prix veut dire que les gens d’Angoulême pensent que sa série est finie et qu’il doit arrêter.

Il s’agit d’une double surprise pour Michel Rabagliati : cette année encore, il était en lice pour le Prix du public sans savoir qu’il serait considéré pour un autre prix, et puis il n’a pas l’habitude de penser à ses livres comme aux différents tomes d’une même série. « C’est vrai que c’est une série, Paul, même si moi je ne m’en rends pas compte, dit-il. Ce n’est pas comme ça que je vois ça. Je raconte des choses quand j’ai quelque chose à dire. »

Paul à la maison est un album qui tranche des huit autres du bédéiste québécois. Son ton et son propos sont plus sombres : séparé, Paul file un mauvais coton, seul dans sa maison d’Ahuntsic. Sa fille se prépare à aller vivre à l’étranger et la santé de sa mère décline.

PHOTO FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

Michel Rabagliati le reconnaît : ce livre-là est « spécial ». Il dit que c’est la première fois qu’un de ses albums est aussi autobiographique, une révélation qui étonne, puisqu’il a toujours été clair que Paul est son alter ego et qu’il raconte des pans de sa propre vie, en mettant aussi en scène des gens de son entourage.

Il ne nie pas les rapprochements entre les deux, bien sûr. Il précise toutefois que c’est la première fois qu’il écrit sans filtre et que son personnage ne porte pas de « costume de scène ». « Je suis plus sincère. Il y a moins de trucs scénaristiques pour plaire aux lecteurs », précise-t-il. Paul à la maison est, de son point de vue, plus proche du journal intime.

EXTRAITS DE PAUL À LA MAISON
  • ILLUSTRATION FOURNIE PAR MICHEL RABAGLIATI

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Son authenticité s’est avérée bien avisée. « Je n’ai jamais eu autant d’éloges [des lecteurs] », dit-il. Le prix à Angoulême renforce cet élan positif. Il risque aussi d’avoir un impact concret sur la vie commerciale du livre : un prix à ce festival de bande dessinée est « un bon boost », reconnaît l’auteur, qui a remporté le Prix du public en 2010 avec Paul à Québec.

« Angoulême, c’est le seul prix qui donne un élan au niveau des ventes », insiste-t-il. Frédéric Gauthier, cofondateur des éditions La Pastèque, croit aussi que ce prix donnera une nouvelle poussée à Paul à la maison en France, notamment, et peut-être même dans des marchés non francophones. La série au complet sera par ailleurs publiée en Italie au cours de l’année 2021.

Le palmarès du Festival de la BD d’Angoulême

• Fauve d’Or, prix du meilleur album : L’accident de chasse de Landis Blair et David Carlson, traduit de l’anglais par Julie Sibony (éditions Sonatine)

• Prix spécial du jury : Dragman de Steven Appleby, traduit de l’anglais par Lili Sztajn (Denoël Graphic)

• Prix de la série : Paul à la maison de Michel Rabagliati (La Pastèque)

• Prix de l’audace : La mécanique du sage de Gabrielle Piquet (Atrabile)

• Prix révélation : Tanz ! de Maurane Mazars (Le Lombard)

• Prix des lycéens Cultura ministère de l’Éducation nationale : Peau d’homme d’Hubert et Zanzim (Glénat)

• Prix du public France Télévisions : Anaïs Nin, sur la mer des mensonges de Léonie Bischoff (Casterman)

• Prix du patrimoine : L’éclaireur de Lynd Ward (Monsieur Toussaint Louverture)

• Fauve Polar SNCF : GoSt 111 de Mark Eacersall, Henri Scala et Marion Mousse (Glénat)

• Prix Jeunesse 8-12 ans : Le club des amis de Sophie Guerrive (2024)

• Prix Jeunesse 12-16 ans : Middlewest tome 1 : Anger de Skottie Young et Jorge Corona, traduit de l’anglais par Julien Di Giacaomo (Urban Comics)

• Prix de la BD alternative : The Thick Book of Kuti du magazine Kuti (Finlande)

• Prix Goscinny du scénario : Loo Hui Phang pour Black-Out avec Hugues Micol (Futuropolis)

• Prix Konishi de la traduction de mangas : Miyako Slocombe pour Tokyo Tarareba Girls d’Akiko Higashimura (Le Lézard Noir)