(Paris) Le dessinateur français Jean Graton a créé celui qui allait devenir le plus célèbre héros de course automobile de BD, Michel Vaillant, dans le journal Tintin en 1957.

Figure de l’école franco-belge du 9e art, il a vendu plus de 20 millions d’exemplaires des 70 albums des aventures du pilote. Ils ont été traduits en une douzaine de langues et adaptés sur le petit comme sur le grand écran.

D’une case à l’autre, Michel Vaillant pilote sa vie entre courses automobiles, affaires familiales et intrigues policières.

Avec ses onomatopées et son trait élégant, Jean Graton « recrée la vitesse grâce aux sons qui déchirent ses images. Il a inventé la bande-son dans un art muet », disait à l’AFP le commissaire priseur Hervé Poulain, lui-même pilote, à l’occasion d’une exposition sur le dessinateur en Belgique en 2015.

Populaire chez les passionnés de sports automobiles, Jean Graton allait jusqu’à appeler de grands pilotes comme Jacky Ickx par exemple pour placer, quand il le fallait, l’aiguille du compte-tours au bon régime.

Il avait pour amis des champions, comme le Belge Lucien Bianchi et le Français Alain Prost, qui attribuent sa vocation aux récits de ce « visionnaire des rapports humains dans la course ». Il fréquentait aussi souvent René Goscinny et Albert Uderzo, les « parents » d’Astérix.

Télévision et cinéma

Jean Graton naît à Nantes le 10 août 1923, élevé par un père dirigeant d’un club de moto qui l’emmenait aux 24 heures du Mans. À 8 ans, son premier dessin paraît dans le journal belge Le Soir : « c’était mon papa réparant sa moto », se souvenait-il.

Il est à 17 ans ajusteur au chantier naval de Nantes, fait son service militaire à Angers, où, grâce à ses talents de dessinateur, il décore les cantines. Il s’installe à Bruxelles à la fin des années 40, bien décidé à vivre de son art.

Remarqué par l’agence World Press qui fournit des BD pour le magazine Spirou, il rejoint la concurrence en 1954, à savoir Tintin, codirigé alors par le grand Hergé et Raymond Leblanc.

Il va proposer des histoires autour d’un coureur automobile intuitif, courant pour une marque de voiture créée par son père. En 1959 paraît le premier album d’une série qui dure encore.

L’auteur, qui a créé sa propre maison d’édition en 1982, va aussi lancer la série sentimentale Les Labourdet, puis Julie Wood, héroïne à moto qui croise la route de Michel Vaillant.

Le héros aux mâchoires carrées et à l’allure athlétique, qui se sort de situations périlleuses avec virtuosité, investit la télévision avec la série Les aventures de Michel Vaillant (1967), un dessin animé (1990), ainsi que le long métrage de 2003, Michel Vaillant, réalisé par Louis-Pascal Cuvelaire (coscénarisé par Luc Besson).

La fiction a donné vie à une quinzaine de véritables voitures, les « Vaillantes », à l’instigation de Jean Graton. L’une d’elles est apparue dans ce dernier film, avec Sagamore Stévenin dans le rôle-titre ainsi que Jean-Pierre Cassel et Diane Kruger.

Après sa retraite, c’est son fils, Philippe, qui perpétue la série. Le dernier de la saison 1 des 70 Michel Vaillant est sorti en 2007. Chaque année depuis 2012 paraît un album de Michel Vaillant, dans une saison 2, avec de nouveaux scénaristes et dessinateurs, et dorénavant chez l’éditeur Dupuis.