Le synopsis de ce récit a de quoi mettre l’eau à la bouche, et même de la caféine dans les narines : dans un minuscule café tokyoïte, quiconque s’installe sur une chaise précise et commande une boisson peut retourner dans le passé.

Cependant, une longue liste de règles encadre l’expérience, notamment le fait qu’elle ne changera rien au présent et se limitera au strict cadre de l’établissement. Surtout, il est impératif de finir sa tasse avant que le liquide ne refroidisse. Tour à tour, des clientes se prêteront au jeu, à la recherche d’un être cher, parti avec de précieuses réponses inexprimées.

Ce décor plutôt alléchant se trouve malheureusement desservi par une narration peu stylée, à la lisière de l’insipidité, et des personnages décevants ; on cherche encore les formulations poétiques qui auraient dû enrober cette belle idée de départ, surtout quand on connaît le potentiel de la littérature nippone. De plus, la justification permanente de ces voyages irrationnels par une logique douteuse rappelle les explications vaines et alambiquées minant certains mangas jeunesse.

Adapté d’une pièce de théâtre, et malgré son succès international, ce roman laisse encore transparaître les planches et les mises en scène de son grand frère ; aurait-il dû s’en tenir à sa forme originelle ? S’il pouvait boire un café et revenir dans le passé, l’auteur ferait-il de nouveau percoler à son public ce petit frère plutôt tiède ?

Tant que le café est encore chaud

Tant que le café est encore chaud

Albin Michel

240 pages

5/10