Ceux qui suivent Grégoire Delacourt depuis longtemps trouveront bien des échos et des éclaircissements à son parcours littéraire en lisant L’enfant réparé, récit de confession où le romancier à succès revisite les coins les plus sombres de sa vie.

Il n’est toutefois pas nécessaire de bien le connaître pour prendre la mesure de la blessure qu’il expose, du poids des silences de son enfance et de ce qui l’a dévoré pendant presque toute sa vie adulte.

Il y a un lien entre Mon père, roman paru en 2019, et L’enfant réparé. Ce lien, c’est l’abus. Un souvenir cadenassé, réveillé par l’écriture, presque inconsciemment, au fil des ans. Grégoire Delacourt n’a jamais donné dans l’autofiction. Or, comme bien d’autres auteurs, il a abondamment puisé dans ses souvenirs, les a travestis, dans son œuvre romanesque. La littérature l’a rattrapé… et l’a peut-être sauvé.

L’enfant réparé, c’est le récit d’un enfant troué, qui a manqué d’amour. De sa vie adulte aussi : mariage raté, mal-être, père manquant fils manqué, mère distante… par amour. Entre ses maisons, ses histoires de famille et ses aventures, Grégoire Delacourt dévoile un processus thérapeutique transcendé par son écriture. On le regarde dans le miroir qu’il se tend et les phrases qui le creusent nous creusent aussi. C’est glaçant et généreux. Et pour Grégoire Delacourt, ce fut visiblement libérateur.

L’enfant réparé

L’enfant réparé

Grasset

240 pages

8/10