(Rennes) Un roman qui « laisse une trace lumineuse » : Le Goncourt des Lycéens 2021 a récompensé jeudi Clara Dupont-Monod pour S’adapter, un roman sensible qui raconte l’arrivée d’un enfant handicapé dans une fratrie.

Publié chez Stock, S’adapter a été élu dès le premier tour de scrutin, avec 8 voix sur 13, parmi les cinq romans finalistes, ont précisé les jeunes jurés de la 34e édition du Prix coorganisé par le ministère de l’Éducation nationale et la Fnac, et annoncé à Rennes.

Dans ce roman, déjà consacré par le Prix Femina, l’éditrice et journaliste de 48 ans imagine une fratrie bouleversée par l’arrivée d’un enfant handicapé.

« Je suis vraiment très émue. C’est un peu comme s’ils accueillaient un peu cette fratrie qui a dû s’adapter, je suis vraiment très émue », a réagi par téléphone Clara Dupont-Monod, des sanglots dans la voix.

« Ce roman nous a séduits par sa justesse, sa douceur, sa poésie, il laisse une trace lumineuse qui ouvre les portes de la tolérance face au handicap. Merci », a déclaré la présidente du jury Nour Benkhabeche, élève de seconde à l’École européenne de Bruxelles IV.

Les jurés n’ont pas eu de difficultés à se décider. Avec 8 voix sur 13 au premier tour, « cela s’est fait assez rapidement », a indiqué Nour Benkhabeche, 17 ans. « Il y a une certaine douceur, une certaine sensibilité et un thème qui s’inscrit tellement dans la société : le handicap, c’est un sujet dont on ne parle pas assez. On a trouvé que c’était joliment fait, un très beau livre, lumineux, pas du tout sombre, qui donnait un peu d’espoir vers l’avenir », a argumenté la lycéenne.

« Ce roman m’a beaucoup plu. C’est vrai qu’il est très intéressant, il nous a tous touchés et méritait d’être élu », a indiqué Rachel Bulka, 16 ans, élève au lycée Massena à Lille et membre du jury, interrogée par l’AFP.

« Porter haut » le handicap

Le livre permet aussi de voir « comment cela se passe avec l’administration », avec aussi « les différents points de vue d’une fratrie ». « L’écriture est très pure et les descriptions sont magnifiques », a souligné la jeune Lilloise, « très heureuse » d’avoir été embarquée dans cette aventure littéraire. « Cela m’a permis de faire de nombreuses rencontres avec d’autres lycéens en France ».

Selon Benjamin Lefebres, 15 ans, membre du jury et élève au lycée Pierre Bourdieu à Toulouse, le roman de Clara Dupont-Monod « a permis de porter haut un thème souvent tu. Et plein de beaux messages qui sont livrés dedans et ne sont pas assez explorés ». Sur la question du handicap ? La société ne fait « pas assez », il y « trop de pages de dossiers à remplir », selon le jeune Toulousain.

S’adapter, qui était aussi en lice pour le prix Goncourt, en est à sa troisième récompense après le Femina et le Prix des lecteurs de Landerneau.

Clara Dupont-Monod doit recevoir le prix jeudi soir à Paris au ministère de l’Éducation nationale.

Chaque année depuis la création du Goncourt des Lycéens en 1988, environ 2000 lycéens de toute la France participent au choix du lauréat qui clôt la saison des prix littéraires.

Au départ, les 14 romans sélectionnés pour le Prix Goncourt, grand frère du Goncourt des Lycéens, étaient en lice. Cinq figuraient dans la sélection finale : Clara Dupont-Monod, Anne Berest, La carte postale (éd. Grasset), Patrice Franceschi, S’il n’en reste qu’une (éd. Grasset), Lilia Hassaine, Soleil amer (éd. Gallimard) et Le voyage dans l’Est (éd. Flammarion) de Christine Angot.

En 2020, le Prix Goncourt des Lycéens avait été attribué à l’écrivaine camerounaise Djaïli Amadou Amal pour son roman Les impatientes (éditions Emmanuelle Collas). Les délibérations s’étaient tenues en distanciel et visioconférences, à cause de la pandémie de COVID-19.