(Stockholm) Une « nouvelle suite » pour la saga Millénium : après le phénomène de la première trilogie posthume de Stieg Larsson, puis une deuxième trilogie signée par un auteur de best-sellers, la poule aux œufs d’or des polars suédois va se prolonger avec trois nouveaux opus.

L’éditeur suédois Polaris a annoncé lundi avoir obtenu les droits pour trois nouveaux ouvrages des aventures du journaliste d’investigation Mikael Blomkvist et de la hackeuse Lisbeth Salander.

« Porter plus loin cette histoire profondément aimée est non seulement exaltant et honorant, mais aussi exigeant », a déclaré son directeur de la publication Jonas Axelsson.

Le nom de l’auteur qui reprendra le flambeau n’est pas encore connu, mais une femme serait bien placée.

« J’espère qu’il s’agira d’une femme, j’en sais évidemment un peu plus, mais je vais devoir faire patienter tout le monde », a déclaré à l’AFP la représentante de la famille Larsson, Magdalena Hedlund.

Écoulée à plus de 100 millions d’exemplaires, publiée dans plus de 50 pays dans le monde et adaptée à plusieurs reprises au cinéma, la saga Millénium a été un des plus grands cartons d’édition du XXIe siècle, conjugué à un destin tragique.

Journaliste d’investigation spécialiste des mouvements d’extrême droite, Stieg Larsson est décédé d’une crise cardiaque en 2004 juste après avoir rendu ses trois premiers manuscrits —Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (publié en 2005), La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette (2006) et La reine dans le palais des courants d’air (2007).

Controverse

Il n’aura donc jamais connu la fortune ni vu le succès de son œuvre, tout comme sa compagne Eva Gabrielsson, exclue de la succession, car le couple n’était pas marié.

La controverse de l’héritage s’était réveillée des années plus tard lors de la décision d’une première suite confiée à l’auteur à succès David Lagercrantz, avec l’accord du frère et du père de Stieg Larsson, légataires de son œuvre.

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David Lagercrantz

En vain, Eva Gabrielsson s’était insurgée que ce fils d’un intellectuel des beaux quartiers reprenne la série imaginée par un journaliste militant d’origine provinciale, très engagé à gauche et qui dédaignait les mondanités.

La deuxième trilogie —Ce qui ne me tue pas en 2015, La fille qui rendait coup pour coup deux ans plus tard et La fille qui doit mourir en 2019 — avait été publiée comme les trois premiers par l’éditeur suédois Nordstedts.

David Lagercrantz, également connu pour avoir cosigné avec Zlatan Ibrahimovic la biographie du footballeur suédois, a déjà fait savoir qu’il n’entendait pas poursuivre la série, malgré les millions d’exemplaires vendus.

Polaris a salué son « travail fantastique » et affiché sa joie de donner une « nouvelle suite » à une « épopée incomparable ».

« Nous sommes reconnaissants de la confiance de la famille Larsson et nous ferons de notre mieux, avec l’auteur adéquat et le respect des origines, pour conserver l’éclat de Millenium », a juré le nouvel éditeur.

Aucun détail financier n’a été dévoilé.

« Nous avons eu pas mal d’éditeurs intéressés. Nous avions depuis longtemps évalué les différents aspects d’une coopération et (Polaris) s’est avéré être le meilleur à bien des égards », a expliqué Magdalena Hedlund.

Au-delà des scénarios captivants de tout bon polar nordique avec ses inévitables secrets de famille, Millénium est aussi salué comme une passionnante critique sociale de la Suède contemporaine, des menaces du progrès technologique et de l’extrême droite sur les libertés en passant par les violences faites aux femmes ou le rôle des médias.