Une enseignante de Québec a trouvé une manière originale d’intéresser les enfants à la lecture. Catherine Lapointe a converti sa caravane Westfalia en bibliothèque éphémère. La Presse a visité cette installation singulière juste avant qu’elle soit remisée pour l’hiver.

(Québec) Dans le stationnement qui se trouve devant l’école du Campanile, dans la Pointe-de-Sainte-Foy, Catherine Lapointe installe sa caravane sous les premiers flocons de l’automne. La porte coulissante du côté et celle du coffre sont grandes ouvertes.

La prof a placé à l’extérieur une petite piscine pour enfants et l’a remplie de livres. À l’intérieur du véhicule, une dizaine de bouquins traînent sur la couchette recouverte d’une couverture colorée. Il y en a d’autres sur la cuisinette.

Au total, plus de 200 livres jeunesse se trouvent dans cette bibliothèque mobile.

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Le Westfalia 1991 fait aujourd'hui office de bibliothèque mobile. Mission : démocratiser la lecture.

Catherine Lapointe et son conjoint ont acheté un Westfalia 1991 l’été dernier. L’enseignante réalisait un rêve qu’elle caressait depuis longtemps. Or, après quelques séjours en camping avec sa famille, elle a eu l’idée de donner une autre vocation à sa caravane : démocratiser la lecture.

J’ai voulu jumeler les rencontres, les livres et le sentiment de liberté qu’évoque le Westfalia.

Catherine Lapointe, enseignante

La caravane littéraire a pris vie il y a quelques semaines. Exit l’équipement de plein air. Le véhicule a été rempli de livres, puis décoré avec des fanions multicolores et des affiches. Le but : créer un lieu accueillant et stimulant.

Le succès a été instantané ! Dès sa première sortie dans un quartier résidentiel de Québec, au mois d’août, la caravane littéraire a accueilli des dizaines de familles et d’enfants.

« Je me suis dit que personne n’allait s’arrêter, parce que ce n’est pas de la crème glacée, avoue candidement Mme Lapointe. Mais rapidement, des enfants à vélo et à trottinette sont arrivés. Certains se dépêchaient d’enlever leurs souliers pour aller s’étendre et lire. »

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Les jeunes lecteurs ont rapidement répondu « présent » à l'initiative de Mme Lapointe.

« Parfois, ils lisaient même avec leur casque de vélo sur la tête », relate-t-elle.

Dans la caravane, il n’y a qu’une règle : lire. Les enfants grimpent dans la tente qui se trouve sur le toit et ils hissent les livres à l’aide d’un système de poulie. D’autres préfèrent le siège du conducteur, où ils s’installent derrière le volant pour plonger le nez dans les pages colorées.

L'enseignante n’est jamais loin pour faire partager ses coups de cœur, pour définir un mot ou pour questionner les jeunes lecteurs. Mais elle jure qu’elle ne demande pas « de résumé de lecture ».

PHOTO YAN DOUBLET, LE SOLEIL

Grâce à sa caravane, Catherine Lapointe fait partager aux enfants sa passion pour la lecture en dehors des murs de l'école.

Le livre, pour moi, c’est une rencontre et c’est hyper important de mettre en contact les enfants avec cet univers dans un cadre qui n’est pas scolaire. C’est juste du plaisir !

Catherine Lapointe, enseignante

Depuis la fin des vacances, la caravane littéraire s’est déployée une dizaine de fois dans les écoles du quartier ainsi que dans des lieux publics. La bibliothèque éphémère est tributaire de la météo et des inévitables problèmes mécaniques qu’impose un Westfalia 1991. À chaque sortie, l’enseignante revient toutefois avec un livre, un tapis ou des chaises, des objets offerts par des passants pour bonifier le projet bénévole.

« J’ai même reçu un virement de 40 $ d’une dame après l’avoir rencontrée dans un parc, raconte-t-elle. Elle voulait me payer l’essence de la caravane. »

Un recueil à paraître

La caravane littéraire fera bientôt relâche pour quelques mois. Les petites bottes d’hiver qui s’entassent devant le vieux véhicule sont le signe qu’il faut aller l'entreposer bientôt. Lorsqu’il reprendra du service, au printemps, un nouvel album viendra s’ajouter à ses tablettes. Il sera écrit par la conductrice.

Dans son premier ouvrage, Catherine Lapointe raconte l’initiative de ses élèves qui, après la lecture d’un album jeunesse, ont eu l’idée d’offrir du pain aux sans-abri.

« Ce livre-là a été assez puissant pour les mettre en action », dit-elle.

Illustré par Olivier Chéné, Copains sera publié dans quelques semaines aux Éditions D’Eux.

Suivez la caravane Regardez la vidéo « La Caravane Littéraire »