Le troisième recueil de Chloé Savoie-Bernard est l’aboutissement d’un travail personnel et rigoureux entamé dans Royaume Scotch Tape (2015) et Fastes (2018). L’autrice maîtrise magnifiquement la langue et les images d’un vent puissant l’amenant encore plus loin, la déposant cette fois à l’intersection de l’amour et du divin.

On sent que la poète touche ici à la confiance qui lui permet de s’envoler. Vulnérabilité, corporalité, sexualité, blessures et tourments s’affichent toujours au menu, mais il s’y ajoute une élévation de l’esprit. Elle avoue qu’elle en a vu d’autres ; elle sait désormais que les ruines peuvent cacher une joie. Cela l’amène à émerger du « rose tendre » quelque part où elle perd à la fois « sa courtoisie et ses artifices ».

Les vers prennent de l’ampleur, de la couleur… du verbe ! La poète semble consciente de porter une croix depuis longtemps et s’apprête à la déposer avec les appréhensions et les violences subies. Elle n’a même pas besoin de tout pardonner, car on voit un sourire en coin apparaître dans son visage qui prend ses distances avec la mélancolie.

Elle peut célébrer le fait d’être femme malgré l’amertume ou la solitude. Entre le sacrifice et son absence, elle poursuit sa route au-delà des obstacles et des découragements, malgré « la peine autour du cou au lieu de la caresse ».

Certes, sa joie peut être une « épine entre deux vertèbres » ; sa colère côtoie le désir. La fragilité reste entière, bien visible, mais la poète la domine plus que jamais. Apaisée et sienne, sainte Chloé s’arrime à l’amour !

Sainte Chloé de l’amour

Sainte Chloé de l’amour

L’Hexagone

112 pages

8/10