Après, c’est du Stephen King de la première heure. Pour les habitués de ses romans, ce nouveau titre s’inscrit dans la lignée de ses œuvres initiales, celles qui ont contribué à construire son succès mondial : une histoire de peur extrêmement bien narrée, qui fait appel à des forces obscures pour incarner le mal que doit combattre un enfant, symbole par excellence dans ses écrits de l’innocence et de la pureté.

Jamie est un garçon de 6 ans qui vit à New York avec sa mère, agente littéraire. Dès les premières pages, il nous sert cette judicieuse mise en garde en commençant son récit : « À mon avis, ce qui suit est une histoire d’épouvante. »

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Jamie peut voir des morts. Ceux-ci se manifestent généralement à lui sous la forme qu’ils avaient lorsqu’ils ont rendu leur dernier souffle ; c’est-à-dire blessés, mutilés ou en chemise de nuit si le trépas est survenu durant leur sommeil. Autant dire que c’est une véritable scène d’horreur qui se présente à son regard lorsqu’il aperçoit un cycliste tué aux abords de Central Park. Et cette vision horrible sera loin d’être la dernière…

Mais les morts ont aussi une autre caractéristique particulière qui va tout changer pour Jamie : ils sont obligés de dire la vérité quand il leur pose des questions. Et sa mère est au courant. La seule autre personne qui en prendra connaissance est l’amoureuse de sa mère, une policière qui a la fâcheuse habitude de contourner les règles à son avantage.

« Avec le recul, je me dis que ma vie était digne d’un roman de Dickens, les gros mots en plus », raconte Jamie. Car des retournements douloureux et dramatiques, il en connaîtra une kyrielle au cours de son enfance et de son adolescence – l’horreur en plus.

Jamie et sa mère commencent par goûter à la débâcle financière de 2008, avant de remonter la pente en faisant appel à la faculté exceptionnelle du garçon, un personnage classique dans l’œuvre de Stephen King – surdoué, sensible et sage ; bref, une âme pure qui devra combattre la noirceur qui le hantera par la suite, lorsque son don sera utilisé à mauvais escient. La « chose » qui le terrorisera pendant une bonne partie de ces années n’est ni un mauvais esprit ni un fantôme, mais une espèce de démon maléfique qui s’est emparé de l’esprit d’un mort malveillant.

Si les descriptions cauchemardesques n’apparaissent que très peu avant la deuxième moitié du roman, elles ne versent jamais dans l’excès. On est bel et bien dans une histoire de peur, mais on n’y trouvera que peu de choses qui s’apparentent au gore. Les âmes sensibles n’auront peut-être donc pas à s’abstenir…

Après

Après

Albin Michel

336 pages

7/10