Une épidémie liée au génie génétique. Des assassinats maquillés en morts inexpliquées. Le dernier roman de Kathy Reichs a été écrit durant la pandémie, et ça paraît.
Une constante demeure : le sens de l’observation de l’anthropologue judiciaire américaine, à qui le Québec accorde une attention particulière parce qu’elle a travaillé longtemps ici. Au fil des travers des personnages parfois très peu présentables, et des petits détails qui montrent que la romancière connaît la culture québécoise comme très peu d’Américains, c’est un réel plaisir de sentir la perspicacité d’une observatrice décapante des relations humaines.
Cette fois, Temperance Brennan est placée devant avec un cadavre abandonné dans un conteneur de déchets biomédicaux, qui lui rappelle un dossier similaire non résolu à Montréal 15 ans auparavant. En arrière-plan, un ouragan, la poursuite de son idylle avec l’inspecteur de la SQ à la retraite Andrew Ryan et une mystérieuse épidémie d’une maladie rare liée aux animaux de compagnie.
On retrouve avec plaisir l’amie de Temperance, Anne Turnip, qui semble toujours être à son cinquième verre de vin de la soirée (ou de n’importe quel moment de la journée), distinguée mais capable de jurer comme un charretier. Reichs pimente les dialogues en apparence anodins de clins d’œil et autres badinages. Par exemple, Anne regarde distraitement un épisode de Bones, la télésérie inspirée des aventures de Temperance Brennan. On apprend aussi que l’ex-mari d’Anne, Tom Turnip, quand il était jeune avocat, s’est fait appeler par erreur Ted par un avocat chevronné de son bureau, ce qui lui a valu le surnom TT.
Kathy Reichs est digne des grands auteurs de romans policiers, pas ceux qui ont marqué les lecteurs par leurs élucubrations cérébrales, mais plutôt ceux qui vivent dans le moment présent, écrivent avec beaucoup d’élégance et d’esprit, et permettent de passer une bonne soirée au coin du feu sans avoir l’impression d’avoir vendu son âme au diable des lectures coupables.
Les os du passé
Robert Laffond
370 pages