Les Roches. Une maison hostile, isolée au cœur de la montagne. C’est là qu’un père disparu depuis six ans emmène son fils de 9 ans, ainsi que la mère du garçon, après être resurgi de nulle part, sans explication sur son absence. C’est dans cette maison, qu’il s’est mis en tête de terminer, que son propre père a fini ses jours, seul et malade.

Le récit entremêle le passé et leur nouvelle vie, à l’écart de toute forme de civilisation. Le retour du père, dont le fils (qui ne sera jamais nommé) n’avait conservé que quelques impressions ténues, fait surgir une sensation funeste chez le garçon et laisse planer une menace indicible sur cet univers où il avait appris à vivre dans l’ombre de la douleur de sa mère, une femme tempétueuse, sans cesse tiraillée entre la gaieté et l’abattement. Durant les premières semaines, le père est d’humeur affable, attentif à leurs besoins ; dans la présence enveloppante de la montagne, il cherche à regagner la confiance de sa femme et de son fils. Mais son obsession pour cet endroit le gagne peu à peu et envahit son esprit. Les hantises du passé le pourchassent et la folie des pères s’abat à nouveau sur les Roches, ce poison transmis aux fils d’une génération à l’autre et tapi dans les profondeurs de la montagne.

À travers la symbolique de ce roman brutal, on reconnaîtra l’isolement caractéristique de récits tels Dans la forêt, de Jean Hegland, et le délire des pères qui est au cœur de Sukkwan Island, de David Vann. En résulte une tragédie silencieuse qui ne saurait mieux dépeindre la manière dont l’homme peut perdre la raison lorsqu’il se retrouve loin de ses semblables.

Le fils de l’homme

Le fils de l’homme

Gallimard

240 pages

7/10