Le 17e roman de la série de Louise Penny avec l’inspecteur-chef Armand Gamache, La folie des foules, arrive ce jeudi en librairie. Nous avons parlé avec l’écrivaine de ce livre écrit pendant la pandémie et qui se veut une véritable bouffée d’espoir.

« Lorsqu’on déclara la fin officielle de la pandémie, tout le petit village de Three Pines, où habitaient les Gamache, s’était réuni dans le parc, où on avait lu à haute voix le nom des victimes. Des proches avaient planté des arbres dans la clairière au-dessus de la chapelle. On appellerait désormais cet endroit la Nouvelle Forêt », écrit Louise Penny dans les premières lignes de La folie des foules, imaginant un rassemblement qui aurait été non seulement « impensable, mais aussi illégal » un an plus tôt…

Pourtant, la dernière chose sur laquelle elle avait envie d’écrire, l’an dernier, c’était la pandémie. « Et j’étais sûre que c’était la dernière chose que les gens auraient envie de lire », confie l’écrivaine en riant au bout du fil, de son appartement de New York où elle n’avait pas mis les pieds en un an et demi.

Malgré tout, les courriels de lecteurs lui demandant comment le village vivait la pandémie n’ont pas cessé d’affluer. Puis le constat lui est apparu aux deux tiers de son premier jet : elle était justement en train d’écrire sur ce qu’elle cherchait à éviter. Parce que dans La folie des foules, il est question d’une « épidémie d’idées » – un parallèle absolu avec la pandémie, à son avis, même si elle a tenu à ce que l’histoire se déroule post-pandémie.

Je ne voulais pas qu’on soit au beau milieu de la lutte parce que c’était trop pénible. Je voulais que [le roman] puisse guérir. Je voulais donner de l’espoir aux gens parce que quand j’ai commencé à l’écrire, on était à l’apogée de la pandémie [au printemps 2020] et je ne savais ni quand ni comment on en viendrait à bout.

Louise Penny

Une folie infectieuse

Dans La folie des foules, la professeure Abigail Robinson est invitée à prononcer un discours à l’Université de l’Estrie. Mais ses propos, relayés par des vidéos devenues virales, sont si radicaux qu’Armand Gamache craint qu’ils mettent le feu aux poudres et il tente alors d’empêcher la tenue de sa conférence. « C’est un virus qui transmet les idées ignobles de personne en personne. Les idées louables se transmettent elles aussi, mais on dirait que les plus horribles voyagent beaucoup plus vite. Et on s’infecte avec cette folie », dit Louise Penny.

Même si le village fictif de Three Pines demeure un lieu où la joie et la bonté côtoient le pardon et la volonté d’aller de l’avant, la pandémie nous a montré que nulle place sur terre n’est à l’abri du malheur, estime la Québécoise d’adoption, qui vit dans les Cantons-de-l’Est depuis bon nombre d’années. Et comme dans tous ses romans mettant en vedette Armand Gamache, le chef de la section des homicides de la Sûreté du Québec – qui apprend d’un appel du premier ministre du Québec lui-même qu’un vaccin est enfin disponible – se retrouve à enquêter sur une mort suspecte aux côtés de son second et gendre, l’inspecteur Jean-Guy Beauvoir.

Peu importe que ce soit son 17e roman, Louise Penny admet avec candeur qu’elle se sent toujours aussi nerveuse dans l’attente de sa réception.

Et ce, même si elle croyait que le temps y changerait quelque chose… « J’adore les personnages, pas juste Armand, mais tous les villageois. Et quand j’ai commencé la série, toutes les décisions que j’ai prises étaient égoïstes pour que je puisse profiter de ces gens et peut-être passer le restant de ma vie en leur compagnie, si je suis chanceuse. Et la plus grande récompense a été de les laisser mûrir et changer. Ils ont évolué, ils se sont mariés, ils ont été blessés, ils ont vécu des pertes, ils ont eu des enfants… »

Mais après des semaines bien chargées – avec la promotion de son livre coécrit avec Hillary Clinton, State of Terror, paru en anglais à la mi-octobre –, elle s’accorde le droit à une petite pause avant de songer à un 18e roman avec Armand Gamache. « Je crois que j’ai tué suffisamment de gens pour l’instant », dit-elle avec ce rire contagieux qui résonne au bout du fil.

La folie des foules

La folie des foules

Flammarion Québec

520 pages