(Vanves) Le 39album d’Astérix, qui sort le 21 octobre, Astérix et le Griffon, est un voyage dans l’Est pour les Gaulois, qui partent à la rencontre d’un peuple mal connu de l’Antiquité, les Sarmates.

Après la mort du scénariste René Goscinny, en 1977, la série a été poursuivie par le dessinateur Albert Uderzo, qui l’a lui-même confiée en 2011 au scénariste Jean-Yves Ferri et au dessinateur Didier Conrad.

Les Sarmates, peuple nomade, vivaient dans une région qui s’étendait de l’actuelle Ukraine aux contreforts du Caucase et aux steppes d’Asie centrale. Et dans cet album d’Astérix, leur totem est le griffon, mi-aigle, mi-lion.

« Les voyages d’Astérix, ça représente pas mal de pays déjà. […] Là, c’est un pays froid. C’est nouveau, ça donne le ton de cet album qui se passe essentiellement dans la neige », a souligné lundi M. Ferri lors d’une conférence de presse à Vanves, au siège d’Hachette Livre, le groupe qui détient les éditions Albert René.

Historiquement, « on ne sait pas grand-chose sur eux. […] Hérodote et Tite-Live avaient parlé des Sarmates. C’étaient des Barbares, mais un peuple un peu mythique », a-t-il ajouté. Les dessins empruntent à une certaine tradition russe, kazakhe ou mongole, et leurs noms se terminent tous en « ine » (par exemple : Cékankondine).

Le scénario tourne autour de la confrontation entre une armée romaine qui part en expédition pour capturer le fameux griffon, sur ordre de Jules César, et ces insaisissables Sarmates, avec lesquels sympathisent les Gaulois.

Houellebecq en Terinconus

Parmi les curiosités : un géographe romain, Terinconus, qui avant de partir pour cette exploration, s’est renseigné sur « la carte et le territoire ». Il emprunte ses traits à l’écrivain français Michel Houellebecq.

« Le pays n’existe pas vraiment : c’est plutôt une ambiance de conte, avec des Gaulois qui perdent leurs repères », selon Jean-Yves Ferri.

L’album a aussi une tonalité écologiste. « Les Romains représentent un peu l’attitude, on va dire, occidentale vis-à-vis de la nature, la manière de se servir. Alors que les Sarmates sont présentés comme respectueux de leur nature, des animaux notamment. Et les Gaulois sont un peu entre les deux », a détaillé le scénariste.

Les deux auteurs vivent très loin l’un de l’autre, le scénariste dans la région de Toulouse, et le dessinateur au Texas.

Les éditions Albert René ont tiré cet album à 2 millions d’exemplaires en français, et au total 5 millions dans 17 langues.

La formule marche toujours très bien en librairie, avec des sorties à l’approche de Noël, tous les deux ans, qui en font un des cadeaux préférés des Français. Le succès ne s’est jamais démenti non plus dans d’autres pays, notamment en Allemagne, en Espagne ou en Italie.

Interrogé sur la possibilité de voir Astérix dessiné ou réinterprété, comme d’autres personnages mythiques de bande dessinée tels Lucky Luke ou Corto Maltese, par une multitude d’auteurs, l’éditeur a répliqué qu’Astérix continuerait tel quel. « Ces hommages sont assez symptomatiques de séries qui s’essoufflent. […] Je ne crois pas que ce soit le cas d’Astérix », a estimé le directeur général des éditions Albert René, Céleste Surugue.

Cette histoire est la dernière qu’a pu voir naître Uderzo. « Il n’avait pu vraiment connaître que les prémices du scénario et les premiers crayonnages », a souligné sa fille Sylvie Uderzo dans un message lu par la fille de Goscinny, Anne.