Avec Highlands, c’est un troisième livre cette année pour Fanie Demeule, après Mukbang, paru au printemps, et Bagels, qui a suivi en août.

Un roman court mais prenant, qui entreprend de sonder les motivations derrière le voyage de trois femmes qui se rendent dans cette région d’Écosse évoquée par le titre. En décembre, par ailleurs, alors que « personne ou presque » ne traverse le nord du pays à cette période de l’année.

Ces trois histoires indépendantes qui se superposent prennent des routes séparées, mais elles arrivent toutes à la même destination audacieuse et surprenante.

La première jeune femme s’envole pour l’Écosse malgré les craintes de ses parents qui la croient trop fragile. Elle écoute cette voix qui lui dit que son salut est là-bas, car « l’Écosse et ses ciels et ses lochs et ses montagnes impitoyables » l’appellent. Un pays qu’elle croit capable de lui redonner la force que son ex lui a volée et d’où elle espère revenir de roc.

La deuxième voyage avec son amoureuse qui l’accompagne à un colloque prévu dans le cadre de sa thèse de doctorat. Elles ont fait en sorte de prolonger leur voyage pour passer les Fêtes loin de leurs familles, de ces oncles et tantes « rétrogrades », de leurs questions déplacées et de leur « homophobie inconsciente » qui les égratignent chaque année.

La troisième fait quant à elle, avec son conjoint et son jeune fils, le chemin inverse qu’ont parcouru sa mère et ses grands-parents en émigrant au Québec. À mesure que le paysage se transforme, en quittant les Lowlands, d’étranges échos s’éveillent en elle, comme des souvenirs lointains qui lui font prendre consciente qu’elle est « d’ici ».

Le roman explore de façon singulière la mythologie écossaise et la manière dont elle joue avec l’esprit des voyageuses – et le nôtre du même coup. L’ambiance est glauque et inquiétante, à l’image de la noirceur environnante et de ce brouillard qui rendent les moindres craquements sinistres et inquiétants, alors que des phénomènes étranges se manifestent. Dans ces lieux peuplés par les ombres qui nous entraînent dans un univers de superstitions, on ne parvient plus à distinguer le réel du fruit de l’imagination des personnages.

Et par ces procédés habiles qui suscitent le doute chez le lecteur, Fanie Demeule réussit à maintenir une tension en crescendo qui ne nous quittera qu’après avoir refermé le livre.

Highlands

Highlands

Québec Amérique/La Shop

192 pages

7/10