(Paris) Auteur le plus lu de France, et de loin, traduit dans une quarantaine de langues, Guillaume Musso, qui sort un 17e roman mardi, revendique un « savoir-faire », un peu de « chance » et aussi du « trac » au moment de battre tous les records.

L’inconnue de la Seine est d’autant plus attendu que le précédent opus, La vie est un roman, datait de mai 2020. Ce sont quelques mois d’attente de plus que d’habitude pour les fans, habitués à des sorties au printemps.

Le romancier de 47 ans, dont l’œuvre s’est vendue à plus de 55 millions d’exemplaires, donne une explication simple à l’AFP : « J’ai été professeur ». Le confinement du printemps 2020 l’a incité à ralentir l’écriture, pour se consacrer à la scolarité de ses deux (jeunes) enfants, lui dont la première carrière fut celle d’enseignant.

Avant sa sortie, les éditions Calmann-Lévy ont envoyé L’inconnue de la Seine à peu de journalistes. Guillaume Musso n’est d’ailleurs pas habitué à ce que la presse littéraire décortique ses livres.

Elle apprécie le phénomène de ce vendeur métronomique de best-sellers comme La jeune fille et la nuit (2018, adapté en série) ou La fille de papier (2010).

Mais comment a-t-il balayé ses rivaux un à un ? Pourquoi s’efforce-t-il de ne pas s’enfermer dans une recette unique, entre vols Paris-New York et histoires d’amour mâtinées de fantastique ? Quelle vie de père de famille continue-t-il de mener ?

Dix ans au sommet

Les modes surgissent et disparaissent, lui, reste au sommet. Cela fait dix ans que cet auteur est le numéro un du livre. En 2020, il a dépassé 1,5 million d’exemplaires vendus, quand ses poursuivants étaient tous sous la barre des 900 000.

La radio RTL, avant de diffuser lundi un reportage dans l’« atelier » de l’écrivain, a loué sa dernière livraison. « L’auteur revient ici avec bonheur à un pur polar […] Une folle enquête commence, et croyez-moi, vous ne la lâcherez plus », selon le journaliste littéraire de la radio, Bernard Lehut.

Ce suspense, Musso y tient. « J’écris l’histoire pour moi, j’ai envie que ça me divertisse moi […] Et je suis attaché au travail. Écrire c’est réécrire, réécrire encore. Quand on me dit : dans vos romans c’est bien, ça coule, c’est fluide… oui ! Mais cette fluidité-là, elle a un prix », explique-t-il.

En quelques jours, évidemment haletants, son héroïne, la policière en rupture de ban Roxane Montchrestien, progresse à grands pas dans une enquête… qui ne lui a pas été confiée.

Le succès fait déjà peu de doute. Le tirage de L’inconnue de la Seine est de 400 000 exemplaires.

Travail, chance, talent

Quel grain de sable pourrait perturber la mécanique ? Guillaume Musso craint-il parfois qu’un livre soit moins aimé que les précédents ? « Il y a peut-être un trac… Mais c’est un moment joyeux, la sortie d’un livre ! », répond-il.

À peine le romancier concède-t-il des facilités pour l’écriture. Quand on l’interroge à ce sujet, il se souvient d’un concours de nouvelles au sein de son lycée, où les élèves votaient, et qui l’a convaincu que peut-être, il pouvait tenter sa chance comme romancier.

« Pour expliquer le succès, il y a une grosse part de travail. Il y a aussi une bonne part de chance : à un moment une histoire arrive, les lecteurs sont là. Et une capacité à faire quelque chose de différent des autres, à voir ce qui va vous singulariser, qui va faire qu’on reconnaît votre patte. Je pense qu’il y a ces trois facteurs : travail, chance, singularité de votre talent », analyse Guillaume Musso.

Ce talent se cultive-t-il ? « Il y a un savoir-faire qui au fil des années s’acquiert. Mais je pense que c’est commun à beaucoup de professions, que ce soit le boulanger ou le réalisateur de cinéma : au bout de dix ans, vingt ans, vous savez mieux où placer la caméra, vous maîtrisez mieux la cuisson du pain ».