Chez beaucoup, Louis-Joseph Papineau évoque simplement les rébellions des patriotes. Or, Papineau était un être beaucoup plus complet : politicien, agent colonial, seigneur de la Petite-Nation et homme de famille. En plongeant dans les archives, l’auteure Anne-Marie Sicotte nous fait connaître l’homme sous un nouvel éclairage. Entrevue.

Q. Quelle est la genèse de cette biographie ?

R. Depuis 12 ans, je travaille sur les patriotes avec la publication de mon Histoire inédite des Patriotes et mes romans Le pays insoumis et Les tuques bleues. Toute la recherche en résultant m’a permis de constater que l’histoire des patriotes et de tout le peuple après la Conquête britannique est très mal connue. On avait des préjugés, il y avait des choses à redresser.

Q. Par exemple ?

R. Ce peuple était démocrate, moderne, instruit, magnifique et créatif. Et j’ai été frappée par le fait que Papineau est le personnage littéralement central de cette époque. Il est un phare. Mais il n’y avait pas de biographies modernes, intéressantes et sans préjugés de lui.

Q. Que voulez-vous dire par « sans préjugés » ?

R. Papineau est encore un peu malmené dans l’historiographie. Et l’être humain qu’il était demeure très peu connu. On a dit de lui qu’il était un lâche, qu’il s’est enfui, qu’il était un démagogue, un bourgeois, un seigneur loin de ses censitaires et du peuple. Ce n’est pas ce que l’on constate quand on se rapproche. Par ma recherche dans les archives, j’ai voulu entrer dans son intimité, dans sa vie et ce qu’il était, notamment un homme de famille.

Q. La recherche en archives est effectivement au cœur de cet ouvrage…

R. Papineau a laissé énormément d’archives. C’est hallucinant ! D’abord, sa correspondance est abondante. Mais il faut aussi retenir qu’il a été au cœur de l’actualité en tant que président de l’Assemblée législative entre 1815 et 1837. Alors, les journaux de l’époque et d’autres personnages ont beaucoup écrit sur lui.

Q. Croyez-vous qu’il était conscient de l’importance des archives ?

R. Il avait très peur que les gens le jugent uniquement comme ses ennemis le décrivent. Et c’est un peu ça qui est arrivé. Je crois donc qu’il était soucieux de laisser des traces. Mais dans sa famille, c’était quelque chose de normal. Son père était notaire. Sa mère, ses tantes, ses sœurs ont laissé des lettres. Et ses descendants, dont son fils aîné Amédée, et des gens, surtout des femmes, des générations futures, ont pris soin de conserver des choses. Toute l’information est là pour reconstituer de manière véridique quelle a été la vie de Papineau et surtout ce qu’a été son rôle par rapport au peuple québécois et comment tout s’est articulé jusqu’aux rébellions de 1837 et 1838.

Q. Votre ouvrage est présenté comme une enquête biographique d’envergure. Doit-on comprendre que d’autres publications sont à venir ?

R. Mon but ultime est de publier ma somme biographique. Je n’ai pas épluché uniquement les archives de Papineau. Je suis allée fouiller dans plusieurs autres fonds. La documentation est immense. Ne serait-ce, pour prendre un exemple, que celle de l’Assemblée législative. Il y a encore tant de choses à raconter. Dans ce livre que je publie, je parle à peine de son enfance. Idem avec les rébellions et toute la période du Canada-Uni alors que Papineau est retourné député. Tout cela reste encore à raconter.

L’auteure

Diplômée en histoire et en anthropologie de l’Université de Montréal, Anne-Marie Sicotte a publié plusieurs romans et ouvrages historiques. Elle a, entre autres, écrit des récits biographiques et biographies de Gratien Gélinas (son grand-père maternel), Justine Lacoste-Beaubien et Marie Gérin-Lajoie. Papineau – Par amour avant tout est publié en collaboration avec la Société historique Louis-Joseph Papineau. Le 23 septembre prochain marquera le 150e anniversaire de la mort de Papineau.

Papineau – Par amour avant tout

Papineau – Par amour avant tout

Carte Blanche

280 pages