Ancien collègue de La Presse, Hugo Meunier continue de rouler sa bosse comme journaliste et chroniqueur, chez Urbania et Noovo, où il régale ses lecteurs avec ses chroniques de journalisme gonzo, toujours divertissantes.

Après avoir publié un essai chez Lux inspiré de son expérience de journaliste infiltré comme employé chez Walmart (Walmart – Journal d’un associé), il s’est frotté pour la première fois à la fiction avec Le patron, publié chez Stanké en 2019, roman qui s’inspirait librement – entre autres – de sa courte expérience comme responsable des contenus numériques chez Québecor.

Il y a quelques années, Hugo Meunier est parti avec sa famille en roadtrip en Asie et en Inde, pendant un an. Il utilise cette expérience pour camper une partie du récit d’Olivia Vendetta – avec des descriptions très vivantes de la vie indienne – alors que son héroïne, Olivia, a décidé de fuir ses problèmes et sa vie dans une banlieue anxiogène, où seul un avenir déprimant semble l’attendre, en s’exilant le plus loin possible. Mais un conventum soulignant les 20 ans de la fin de son secondaire est l’occasion parfaite pour celle qui a trouvé en Inde un sens à sa vie de venir régler ses comptes et se venger, avec ses amis du secondaire – des marginaux, comme elle –, qui ont été la cible d’une gang d’intimidateurs rustres, sans foi ni loi.

Originaire lui aussi de la banlieue, Meunier a de toute évidence puisé dans ses souvenirs d’adolescence pour écrire ce roman. En campant une partie de son récit dans les années 1990, il se permet aussi des clins d’œil à la culture grunge et métal de l’époque, citant de nombreuses chansons en exergue de chaque chapitre, ce qui forme une véritable trame musicale qui plaira sans aucun doute à ceux qui appartiennent à la génération X. Cela dit, Olivia Vendetta n’est pas une autofiction, car Meunier s’est donné la liberté de créer un personnage principal entièrement fictif. Olivia, on l’apprend vite, s’appelait avant Étienne. Un pari somme toute osé, pour un homme « cisgenre » de mettre en scène une héroïne trans, mais le journaliste (qui dit dans ses remerciements avoir consulté plusieurs personnes de la communauté pour le conseiller) aborde ce sujet avec sensibilité et nuance, évitant les clichés, réussissant même habilement à faire un lien avec les hijras en Inde, ces individus qui ne se considèrent comme ni hommes ni femmes. On se reconnaît dans les insécurités et dans le vague à l’âme de ce personnage, auquel on s’attache, qui est mal dans sa peau, sans trop savoir pourquoi, et qui se noie dans la consommation pour s’engourdir.

Avec ce deuxième roman solide, Meunier montre qu’il a réellement de la graine d’écrivain. Olivia Vendetta est, comme le titre le suggère, une histoire de vengeance classique, dont le romancier manie habilement les codes, mais aussi un récit initiatique d’affirmation et d’acceptation de soi, qui prend même des allures mystiques assez surprenantes. Le tout enrobé de l’humour irrévérencieux, mordant (et, disons-le, parfois vraiment niaiseux) de Meunier, qui s’en donne à cœur joie. Non seulement il propose une histoire fort bien rythmée et prenante – on ne veut plus lâcher le livre –, mais il donne aussi à lire un récit très bien structuré, entrelaçant habilement les époques, culminant vers une finale que ne renieraient pas les fans de Pulp Fiction. D’ailleurs, on imaginerait très bien Olivia Vendetta adapté au grand écran !

Olivia Vendetta

Olivia Vendetta

Stanké

304 pages

7/10